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cune de nos écoles latines, me répondit M. Van Heusde, parce qu’à cet âge nous ne croyons pas les jeunes gens capables d’études aussi difficiles ; mais les professeurs de littérature grecque et de littérature latine rencontrent et développent beaucoup de maximes philosophiques dans l’explication de certains écrits de Cicéron et de plusieurs dialogues de Platon. Nos jeunes élèves se familiarisent ainsi avec la philosophie ancienne, et sont préparés à l’enseignement philosophique des universités. — Il faut convenir qu’il en est à peu près de même dans les gymnases de l’Allemagne. Mais j’appris à M. Van Heusde qu’il n’en était plus tout-à-fait ainsi dans les gymnases de la Prusse, et que dans la première classe il y avait un enseignement philosophique élémentaire[1]. Cette pratique me paraît excellente en elle-même et nécessaire. Sans doute, il sort une bonne instruction philosophique du De Officiis, du Criton, de l’Alcibiade et des dialogues socratiques ; mais il faut coordonner toutes ces maximes et en faire un ensemble, pour que cet ensemble s’imprime dans l’esprit et dans l’ame. Et puis, il convient d’inculquer de bonne heure le sentiment de la dignité de la philosophie, et ceci est une considération d’une grande portée. Ensuite, si le gymnase est une préparation à l’université, il doit préparer au cours de philosophie de la faculté des lettres. Il ne faut pas alléguer l’âge de ces jeunes gens, car, s’ils sont capables de comprendre l’Alcibiade de Platon et les idées qui s’y rencontrent çà et là, ils peuvent bien comprendre ces mêmes idées arrangées dans un certain ordre. Enfin, en ne plaçant pas dans les colléges un enseignement philosophique élémentaire, on condamne les universités à se charger de cet enseignement, et on abaisse alors, on réduit à une nullité presque absolue la philosophie dans les universités.

Je remarquai aussi qu’il n’y avait aucun enseignement moral et religieux dans l’école latine d’Utrecht. C’est le même système que dans l’enseignement primaire, et M. Van Heusde me répéta pour l’école latine absolument ce que tous les inspecteurs primaires m’avaient dit pour leurs écoles : Tous les maîtres ici s’appliquent en toute occasion à rappeler les principes de l’Évangile et à inculquer l’esprit

  1. Mémoire sur l’instruction secondaire en Prusse, p. 10, 130 et 185. Pour cet enseignement on se sert du Manuel de philosophie d’Aug. Matthiœ.