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VISITE À L’UNIVERSITÉ D’UTRECHT.

et le latin est nécessaire dans une faculté de l’université, mais non pas dans un collége. Si j’osais, j’en dirais presque autant de la géographie et de l’histoire ancienne, et je ne verrais aucun inconvénient à ce que les professeurs de grec et de latin enseignassent l’histoire grecque et l’histoire romaine. Ils l’enseigneraient au moins sur des textes positifs ; ils mettraient par là beaucoup de faits dans la tête des jeunes gens, et on ne verrait plus de cours d’histoire de collége, appartenant beaucoup plus à la philosophie de l’histoire qu’à l’histoire proprement dite.

Second argument : À la longue, un professeur s’ennuie de rester toujours dans la même classe. Réponse : Mais, à la longue, un professeur peut s’ennuyer aussi de n’enseigner jamais que les mêmes choses. Le remède unique à cet inconvénient est dans une bonne administration des colléges, qui, surveillant avec soin chaque professeur, tout en le maintenant long-temps dans une classe pour qu’il la possède bien, saisit le moment où la fatigue commence, pour le faire monter dans une classe supérieure, relevant ainsi et variant ses occupations.

Troisième argument : Les hommes chargés d’une branche spéciale la professent mieux. Réponse : L’argument est vrai, mais il ne porte pas, parce que la question n’est pas de savoir si un professeur spécial ne professera pas mieux une branche spéciale, mais si un seul et même professeur n’est pas en état de professer très convenablement plusieurs branches à la fois, et si le résultat dernier que l’on se propose, à savoir, la bonne instruction générale des élèves, n’est pas mieux atteint dans un système que dans l’autre. Ces maîtres spéciaux tirent chacun de leur côté ; et comme ils ne peuvent pas être tous de la même force ni également intéressans, l’équilibre de la classe, ce point si essentiel, est rompu, et le grec est sacrifié au latin ou le latin au grec. Il peut arriver ainsi que les branches les moins importantes, si elles sont mieux enseignées, et peut-être avec plus de zèle et de chaleur que de véritable talent, nuisent à d’autres branches plus importantes et plus austères.

Mais vous, disais-je à M. Van Heusde, qui aimez tant les maîtres spéciaux pour chaque branche de connaissances, comment n’avez-vous pas un professeur de philosophie ? Je ne vois point d’enseignement philosophique dans l’école latine d’Utrecht. — Il n’y a point d’enseignement philosophique proprement dit dans au-