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Nous avons vu que l’école latine de La Haye a bien des lacunes ; on les retrouve dans celle d’Utrecht. Ainsi je venais de quitter une école primaire où j’avais pu m’entretenir en français sur l’histoire de France avec des jeunes gens de douze à quatorze ans ; et quand je suis arrivé à l’école latine, dans les classes même les plus élevées, les jeunes gens n’entendaient pas le français ; il était donc évident pour moi qu’ils ne connaissaient ni l’histoire ni la géographie de la France aussi bien que les écoliers de M. Julius. On n’enseigne guère mieux l’allemand que le français. Il y a bien quelques leçons sur ces deux langues ; mais ces leçons ne sont pas obligatoires, et cette partie du programme est à peu près inexécutée. On ne voit pas même figurer dans ce programme les sciences naturelles et les sciences physiques. Les mathématiques sont un peu plus cultivées, mais sans jouir d’une grande considération. Tout l’intérêt est pour les études classiques. J’incline donc à penser que l’école latine d’Utrecht mérite son nom ; et bien qu’elle admette déjà une instruction plus étendue que l’ancienne école latine hollandaise, elle n’est encore ni un gymnase allemand ni un collége français. C’est du moins une excellente école latine. J’y ai examiné la plus basse classe, la troisième, la seconde et la première. On y soigne, avec beaucoup de raison, l’enseignement des élémens, et les classes sont parfaitement graduées entre elles. J’ai fait moi-même expliquer en troisième un morceau de Plutarque, dont les élèves se sont bien tirés. La première classe n’est composée que d’une douzaine d’élèves, et ce nombre me paraît suffisant. J’ai prié quelques-uns de ces jeunes gens de mettre en latin sur-le-champ, devant moi, un morceau de l’Hécube d’Euripide. Je les ai interrogés en latin sur la partie grammaticale de ce morceau, et ils m’ont répondu, toujours en latin, d’une manière satisfaisante. Je leur ai fait scander un morceau de l’Énéïde, et leur ai fait rendre compte de la force des expressions. J’étais bien certain que tout cela était improvisé, puisque c’était moi-même qui faisais les interrogations.

En somme, cette école est bonne, et j’en ai été content ; mais, quoiqu’on y enseigne principalement le grec et le latin, je déclare en conscience que le grec et le latin n’y sont pas mieux enseignés, ni poussés même aussi loin que dans les gymnases de l’Allemagne, où pourtant on enseigne beaucoup d’autres choses.