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DU

THÉÂTRE MODERNE
EN FRANCE.

PREMIÈRE PARTIE.

De toutes les parties de la poésie contemporaine, le théâtre est assurément celle que la critique semble surveiller avec le plus de vigilance ; mais il faut bien le dire, et la franchise en cette occasion n’a pas le mérite de la nouveauté, de toutes les parties de la critique littéraire, la critique dramatique est tout à la fois la plus bruyante et la plus paresseuse. Chaque semaine voit éclore d’innombrables feuilletons qui dressent le procès-verbal des pièces représentées du lundi au samedi ; mais il est bien rare que le feuilleton aille au-delà du procès-verbal. Quand il a fait l’inventaire des entrées et des sorties ; quand il a raconté acte par acte, scène par scène, la fable d’une pièce, il croit sa tâche accomplie, et se repose comme s’il venait d’achever le plus laborieux des chapitres. À proprement parler, le feuilleton, ainsi conçu, ne mérite ni blâme ni éloge ; car il n’a rien à démêler avec la littérature sérieuse, il enregistre les succès et les chutes, mais il se déclare incapable de juger ; ou lorsqu’il lui arrive d’énoncer un avis, il le motive si singulièrement, il l’explique si lestement, qu’il ne peut obtenir aucune autorité. Le public vient en aide à cette paresse du feuille-