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ILLUSTRATIONS SCIENTIFIQUES.

mènes particuliers. Continuant ces généralisations, il vint à penser que l’aimant résultait d’une infinité de courans infiniment petits, circulant perpendiculairement à la ligne des pôles. Ce fut là le dernier terme où M. Ampère arriva, soit en faits, soit en théorie. La découverte de plusieurs phénomènes électro-magnétiques de la plus haute importance ; l’établissement d’une formule simple qui les contient tous ; la démonstration d’affinités de plus en plus grandes entre le magnétisme et l’électricité ; enfin, une idée nouvelle sur la constitution du fluide magnétique dans les aimans ; tels sont les résultats à jamais mémorables obtenus par M. Ampère sur cette branche si délicate et si curieuse de la physique. Mais il n’alla pas plus loin, et ni lui, ni ses disciples n’ont pu constituer un système de courans terrestres capables de représenter tous les phénomènes généraux d’inclinaison et d’intensité. C’était un problème inverse de celui qu’il avait résolu : les courans électriques étant donnés, il s’était agi de trouver les mouvemens qui résulteraient de leur action réciproque ; dans le magnétisme terrestre, les effets d’inclinaison et d’intensité sont donnés, et il s’agit de constituer un système de courans qui y réponde. Depuis, la distribution du magnétisme terrestre a été reconnue : on sait déjà que M. le capitaine Duperrey l’a représentée, pour toute la surface du globe, d’après une loi qu’il fera connaître, aussitôt que les magnifiques cartes qu’il vient de terminer auront vu le jour : en sorte que le problème physique du magnétisme terrestre est complètement résolu, et que les expéditions scientifiques n’auront pas d’autre résultat que de confirmer la théorie.

M. Ampère savait ce que valaient ses hypothèses, et il était loin de les prendre pour des réalités physiques ; il les regardait seulement comme représentant les phénomènes ; mais il y tenait par cette considération très philosophique, que, quand même on remonterait plus haut dans l’explication de l’électro-magnétisme, quand même la science ferait des découvertes qui changeraient toutes les idées sur la constitution des deux fluides, néanmoins ses formules subsisteraient toujours. Elles pourraient devenir une loi particulière dans une loi plus générale, elles n’en resteraient pas moins véritables. Soit qu’on redescende des hauteurs d’une science supérieure, soit qu’on remonte des élémens vers cette science, on rencontrera toujours comme un degré subsis-