Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/429

Cette page a été validée par deux contributeurs.
425
ILLUSTRATIONS SCIENTIFIQUES.

Telle est la première phase de l’électro-magnétisme. Un fait important, le fait d’une action constante de l’électricité en mouvement sur l’aiguille aimantée, est établi d’une manière incontestable. À M. Œrsted en appartient l’honneur. Il ne s’agit plus de ces influences variables de la foudre ou du choc électrique sur la boussole ; il s’agit d’un phénomène aussi fixe que celui qui dirige le pôle sud de l’aiguille aimantée vers le pôle nord du monde, et qui, sans doute, est mystérieusement lié aux plus puissantes et aux plus universelles forces de la nature. Ce que la terre fait incessamment sur toute aiguille aimantée, le courant électrique le fait sur cette aiguille : par l’attraction du globe, elle dévie dans un sens déterminé, et se tourne toujours vers le nord ; par l’attraction du courant électrique, elle dévie avec non moins de constance, et se met toujours en croix avec lui. Ainsi, un phénomène, reconnu avec exactitude et précision, démontre une singulière affinité entre le magnétisme et l’électricité, signale des analogies merveilleuses entre l’action de la terre et l’action des courans électriques, et permet d’entrevoir que la science touche là à d’importans secrets. Remarquable lenteur dans la découverte des phénomènes naturels ; il y a plusieurs siècles que l’on sait que le nord dirige l’aiguille de la boussole, et c’est hier seulement que l’on a appris qu’un courant électrique la dirige aussi.

Peut-être la science se serait-elle arrêtée long-temps devant l’observation de M. Œrsted, et, égarée par des théories insuffisantes et fausses, comme par de vaines lueurs, aurait-elle perdu la voie véritable des découvertes qui devaient si rapidement l’enrichir. Mais heureusement il se trouva alors un esprit aussi systématique qu’habile à manier l’analyse mathématique ; celui-là ne s’arrêta pas devant les apparences du phénomène. Trop habitué, par sa nature même, à remonter du particulier au général, trop instruit des lois rationnelles de la mécanique pour croire qu’il eut trouvé quelque chose d’important, s’il n’avait pas trouvé une formule qui contînt tous les faits sans exception, M. Ampère se mit à l’œuvre, et donna à la découverte de M. Œrsted une face toute nouvelle et une portée inattendue. Non-seulement il l’accrut par des observations fécondes, mais encore il la résuma dans une loi simple, qui ne laisse plus rien à désirer.

« Les époques, a dit M. Ampère dans sa Théorie des phénomènes