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REVUE DES DEUX MONDES.


J’ai voulu qu’en toute ame,
La pitié descendît,
Et qu’à sa douce flamme
Tout cœur dur s’attendrît,

Et que moins en colère
Et moins de plis au front,
L’homme à juger son frère
Ne fût plus aussi prompt.

Mais ce chant lamentable,
Cet hymne plein d’effroi,
Ô misère implacable,
Ce cri digne de toi,

Est plutôt une dette
Qu’en passant sous les cieux
J’acquitte, humble poète,
Envers les malheureux,

Un cri de conscience
Qui s’échappe soudain,
Plutôt que l’espérance
Et l’augure certain

Que l’on verra la terre
Et son peuple fatal,
Échapper à la serre
Du noir vautour, — le mal.

Ah ! que l’homme travaille
Et s’épuise en effort,
Qu’il creuse, coupe, taille,
Pour alléger son sort !

Il pourra de sa couche
Faire sortir la faim,
Et mettre à toute bouche
Et le vin et le pain ;