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LA NATURE.

I.

LES DÉFRICHEURS.


Invisibles pouvoirs, souffles impérieux,
Monarques qui tenez l’immensité des cieux,
Vents qui portez le frais aux ondes des fontaines,
Les ondes aux grands bois, les semences aux plaines,
Et jetez à longs flots les flammes de l’amour
À tout ce qui respire et ce qui voit le jour,
Défendez vos forêts, vos lacs et vos montagnes !
Et toi, sombre empereur des humides campagnes,
Qui tiens étroitement, comme un Triton nerveux,
La terre toute blonde en tes bras amoureux,
Redouble tes clameurs, tes murmures sauvages,
Dévore, plus ardent, le sable de tes plages ;
Hérisse sur ton front tes cheveux souverains,
Et de l’abîme noir levant tes larges reins,
Pour garder les trésors de ta plaine écumante,
Fais voler jusqu’au ciel la mort et l’épouvante ;
Ô vieil Océanus ! ô père tout-puissant !
Tes fureurs aujourd’hui ne sont que jeux d’enfant !
Que nous font les cent voix des bruyantes tempêtes,
Les mondes dans les cieux se brisant sur nos têtes ?
L’éclair livide et jaune et la foudre en éclats