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LE VEAU D’OR.

Ô races de nos jours, ô peuples ahuris !
Désertez les lieux saints et les sentiers prescrits ;
Et vous, sombres moellons des vieilles cathédrales,
Roulez du haut des cieux sous la main des Vandales.
Partout il sort de terre un nouveau monument.
Un temple inébranlable, au solide ciment,
Que le souffle des vents, les flèches de la foudre,
Et le courroux de Dieu ne sauraient mettre en poudre,
Un temple dont le marbre éclatant reluira,
Tant que l’amour de l’or chez l’homme régnera !

Voyez ! comme le bras de la passion vile
Y pousse incessamment les enfans de la ville ?
Avec quels sourds fracas les piétons et les chars
Vers son portique saint courent de toutes parts ?
Quels flots d’adorateurs, la rougeur au visage,
L’haleine entrecoupée et les membres en nage,
Gravitent à l’entour. — Jamais les dieux païens,
Ni les tristes autels des vieux temples chrétiens,
Ne virent autour d’eux se courber tant d’échines,
Car celui qu’on adore en ces voûtes divines
Est le plus grand de tous. — Ici, comme à Paris,
Du moment où le pied a franchi le parvis,