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L’INSTRUCTION PUBLIQUE À ROTTERDAM.

écoles. Voilà des gens qui semblent faits tout exprès pour l’instruction primaire gratuite. Il serait donc assez raisonnable de leur confier les écoles de pauvres, puisqu’ils ne peuvent pas en diriger d’autres. Mais à côté de ces écoles de pauvres, il faudrait en même temps dans chaque arrondissement un nombre à peu près égal d’écoles primaires publiques et payantes : celles-là on les confierait à des instituteurs laïques qui, avec leur traitement fixe, trouveraient dans la modique rétribution imposée aux élèves, un éventuel proportionné à leur zèle et à leurs succès. Ces instituteurs, la plupart du temps pères de famille, auraient ainsi une assez bonne condition, et la ville posséderait des écoles publiques payantes qui deviendraient le modèle des écoles particulières, même d’un prix beaucoup plus élevé. Enfin au-dessus de ces écoles publiques élémentaires où l’on paierait quelque chose, placez dans chaque arrondissement, sous le nom d’école intermédiaire ou d’école moyenne, ou sous quelque autre meilleur, une école primaire supérieure où l’on paierait un peu cher, pour cette partie de la population marchande et commerçante qui est à son aise et qui ne va pas et ne doit pas aller au collége apprendre des langues savantes qui ne lui serviraient à rien. Toutes ces écoles, loin de coûter à la ville, lui deviendraient, à l’aide d’une rétribution convenable, une source de profits, et ces profits, elle pourrait les faire servir à l’entretien des salles d’asile et des écoles de pauvres. Dans un pareil système, qui est tout-à-fait selon l’esprit de la loi, la ville aurait bien des charges encore, mais elle en aurait beaucoup moins, et toutes ses dépenses auraient des résultats immédiatement utiles. Mais de Paris revenons à Rotterdam.

J’ai vu encore à Rotterdam un établissement de charité trop curieux en lui-même, et où l’instruction primaire joue un trop grand rôle pour que je ne lui consacre pas quelques mots : je veux parler de la maison centrale de correction pour les jeunes garçons. Je donnerai une idée suffisante de l’excellent régime des prisons en Hollande, en disant que les maisons centrales de détention y sont divisées en deux classes, les unes pour les jeunes gens au-dessous de dix-huit ou vingt ans, et qui, par conséquent, sont purement correctionnelles, les autres pour l’âge avancé et pour les criminels. La maison centrale de correction pour la jeunesse était établie à Rotterdam. Jusqu’ici elle recevait des jeunes