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L’INSTRUCTION PUBLIQUE À ROTTERDAM.

Voilà donc deux écoles contenant près de 900 enfans avec dix ou douze maîtres, sous-maîtres et aides, et deux sous-maîtresses qui ne coûtent absolument rien à la ville, et qui se soutiennent et fleurissent à l’aide d’une rétribution hebdomadaire de 20 cents de Hollande ou 40 centimes de France. Encore quand deux enfans de la même famille fréquentent l’école, ces deux enfans ne paient chacun que 15 cents (30 centimes), et quand il y en a trois de la même famille, chacun ne paie que 10 cents (20 centimes). Les filles de la division supérieure reçoivent le soir une instruction particulière pour les ouvrages de main, couture, etc., et elles ne paient de plus pour cette instruction que 5 cents (10 centimes). Cette rétribution est bien modique. Il n’y a pas une famille au-dessus de la classe tout-à-fait indigente, à laquelle sont réservées les écoles de pauvres, qui ne puisse payer une trentaine de sous par mois, surtout quand on laisse la faculté de payer par semaine, et même dans certaines villes, à Leyde, par exemple, de payer par jour, ce qui réduit la dépense à presque rien. Et pourtant cette petite dépense est une satisfaction pour l’amour-propre des parens ; elle attache les enfans à l’école et garantit leur assiduité, car on veut profiter pour son argent ; et en même temps en défrayant l’instruction de la classe moyenne, elle permet à la ville de concentrer ses dépenses sur l’instruction de la classe qui ne peut absolument rien payer et envers laquelle dans ce cas l’instruction gratuite est une dette sacrée. En multipliant inconsidérément les écoles primaires gratuites, on accable les communes de dépenses qui s’accroissent sans cesse et qui peu à peu épuisent et lassent la charité. La charité bien entendue consiste à donner pour rien à ceux qui n’ont rien, et à donner à bon marché à ceux qui ont quelque chose. À Paris, toutes les écoles communales sont gratuites, et il n’y a pas une seule école primaire publique où l’on paie, tandis que les écoles privées, dont la rétribution est la plus modique, coûtent près de 5 francs par mois, de sorte qu’il n’y a aucun degré intermédiaire entre le gratuit et un prix qui est déjà assez considérable. Un ouvrier qui a plusieurs enfans ne peut guère les envoyer à l’école privée, et il éprouve quelque honte à les envoyer à l’école gratuite, et à se mettre sur la liste officielle des indigens. N’oubliez pas encore cette considération : tous ces maîtres d’écoles gratuites qui ne demandent pas un centime à leurs élèves, n’ont d’autre revenu que