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les Lombards, les Avares, se disputèrent ce pays qu’ils dévastèrent à l’envi. Fuyant devant leurs oppresseurs, les indigènes allèrent chercher un refuge dans la petite Valachie, ou Valachie-Inférieure, située entre le Danube et l’Aluta. Là, un nouveau corps de nation se forma sous des chefs appelés bannes ou régens. On vit en outre de petits états indépendans se former successivement, essayer de se soustraire au joug barbare, et se grouper tour à tour pour retomber bientôt sous un seul sceptre.

Jusqu’au ixe siècle, les annales de ce pays sont obscures et sans intérêt. À la fin de ce siècle, les Tartares envahissent la Valachie, l’asservissent et la couvrent de sang. Presque toute la population se retire au-delà des monts Krapacks, s’y établit et s’y fortifie, et demeure paisible à l’abri de ces remparts naturels. La nation ne se dissout point pendant cet exil ; sous la conduite de Rado-Negro (Rodolphe-le-Noir) et de Bogdan, une partie revient s’établir en Valachie, une autre dans la Moldavie, à laquelle le fleuve Moldau a donné son nom, et qui s’appelle aussi Bogdanie, du nom de son ancien chef Bogdan. La division des deux provinces, où règnent les mêmes mœurs, le même langage, la même religion, date de cette époque : alors commence à s’éclaircir l’histoire du pays.

Bogdan et Rado prennent le nom de vaïvodes, ou de premiers ccmmandans, titre que leurs successeurs ont toujours conservé. La petite Valachie, depuis long-temps gouvernée par son bann, se soumet à Rado, qui hérite sans contestation de la souveraineté du bann. Ainsi fut fondé le vaïvodat, dictature élective et à vie, que la cour de Russie a rétabli et fait consacrer récemment par la Porte Ottomane dans le traité d’Andrinople. Les successeurs de Rado affermissent leur puissance ; la population s’accroît ; des villes surgissent, la nation prospère et se civilise. Mais voici venir un nouveau flot de barbares, plus redoutables, plus fanatiques, plus cruels que leurs prédécesseurs. Les Turcs ottomans s’établissent en Europe. Le premier, un vaïvode, nommé Mirtza, attaque imprudemment, et sans provocation, les possessions limitrophes des Turcs au-delà du Danube. C’était en 1391. Bajazet fait marcher une armée nombreuse, bat le vaïvode, et le soumet à un léger tribut, premier anneau de cette lourde chaîne qui devait peser sur le pays. En 1444 et 1448, les Valaques s’allient aux Hongrois,