Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
STATISTIQUE PARLEMENTAIRE.

Don Alonzo. Cependant il ne doute nullement de son influence, et à l’en croire lui et son petit nombre d’amis, on ne médite pas une combinaison ministérielle, sans qu’il soit appelé à en faire partie.

Nous avons examiné l’état des forces du ministère. Passons à l’opposition.

En premier lieu, voici, à l’extrême droite, la minorité légitimiste : elle compte 17 à 18 députés :

MM. Ailhaud de Brisis, Balzac, Bernardy, Berryer, Blin de Bourdon, Calemard Lafayette, Dugabé, Fitz-James, Gras-Préville, Grasset, Gardès, D’Hautpoul, Hennequin, Laboulie, Raybaud, Ranchin, Saintenac.

Il y a là des hommes de talent, et cette fraction s’appuie sur deux chefs distingués : M. le duc de Fitz-James et M. Berryer. M. de Fitz-James représente, avec une grâce parfaite, les traditions aristocratiques. Son éloquence est noble, imposante ; mais elle n’a pas une très grande action. En voyant le peu d’influence réelle que M. de Fitz-James a acquis jusqu’à présent, il nous semble qu’il doit regretter parfois d’avoir quitté, à la chambre des pairs, une position où il eût pu exercer un véritable ascendant, pour venir se mettre ici à la tête d’une faible fraction.

M. Berryer est l’un des orateurs les plus accomplis que nous ayons jamais eus. Il fera époque dans les annales de la chambre. À cette facilité d’élocution, à cette éloquence vive et brillante que nous lui connaissons, M. Berryer joint une aptitude rare à saisir d’un coup d’œil toutes les questions. Au moment où il va monter à la tribune, on lui remet des notes éparses, et ces notes se classent aussitôt dans son esprit. À mesure qu’il les reprend, il les développe, il les achève ; il parle avec hardiesse sur ce thème improvisé, et sa parole est toujours digne et convenable ; pas un mot de mauvais ton ne la dépare, et quand il blesse son adversaire, c’est avec des précautions chevaleresques et des armes courtoises. La chambre, séduite par cette éloquence, écoute M. Berryer avec une sorte de faveur, même quand il contredit le plus vivement l’opinion de la majorité. Mais nous croyons qu’il obtiendrait plus d’ascendant sur l’assemblée, s’il lui apparaissait seulement comme le défenseur du principe légitimiste, non point comme le fondé de pouvoir de la cour de Prague. Après lui, on peut encore nommer dans cette minorité deux ou trois députés qui, de temps à autre, obtiennent quelque influence. Mais, si nous ne nous trompons, le découragement s’est déjà glissé dans ce parti ; plusieurs sont entraînés par une pente insensible vers le gouvernement de juillet, et grossiront un jour le nombre des légitimistes ralliés.

Non loin de ce banc de 18 députés, M. de Lamartine, qui représente