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PENSÉES D’AOÛT.[1]

Le nouveau volume de M. Sainte-Beuve est consacré, comme les Consolations, à l’expression de sentimens personnels, et se distingue, comme le précédent recueil de l’auteur, par la vérité des tableaux et des pensées. Quoique les pièces du volume nouveau soient nombreuses et ne paraissent pas, au premier aspect, disposées dans un ordre logique, cependant une lecture attentive réussit à saisir le lien qui unit entre elles les impressions successives racontées et analysées par le poète. Les sonnets, sous une forme plus brève et plus laborieuse, expriment le même ordre de sentimens que les récits de longue haleine, et appartiennent, comme toutes les pages du recueil, à une maturité d’intelligence et de cœur qui participe à la fois de la confiance et du désabusement. Ainsi le titre du nouveau volume n’a rien d’arbitraire ni de capricieux, car il traduit avec précision la nature des pensées et des sentimens que le poète a connus et célébrés. Il est inutile d’insister sur la conciliation de la confiance et du désabusement ; tout le monde comprendra sans peine que la perte des illusions qui ont égaré les premières années de la vie, loin de contrarier la sérénité de la pensée, mène à l’espérance par la sagacité, et rend l’avenir d’autant plus facile que l’ame, en se familiarisant avec la réalité, arrive à contenir son ambition dans de justes limites. Cette conciliation, que j’essaie ici d’expliquer et de formuler, se révèle et se démontre progressivement dans les Pensées d’Août, et domine le recueil entier.

  1. vol. in-18, chez Renduel, rue Christine, 3.