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PORT-ROYAL.

l’Introduction à la Vie dévote, publiée précédemment, et qui eut un succès universel, le saint évêque réveillait le goût de la dévotion intérieure et tendre, principalement parmi les personnes du sexe.

Dès 1600, Henri IV avait pourvu à la réforme de l’Université, qui était tombée, pendant la Ligue, dans un état honteux de dilapidation et de dissolution. Edmond Richer, docteur en Sorbonne, ci-devant ultramontain déclaré, un de ces hommes de logique et d’ardeur qui, comme nous en avons d’illustres exemples de nos jours, passent soudainement et sincèrement d’un extrême à l’autre, Edmond Richer avait, plus que personne, contribué, sous le titre de censeur, et quelquefois au risque de sa vie, à la réforme de cette institution gallicane, au nom de laquelle Antoine Arnauld, avocat, le père de tous les Arnauld, avait si véhémentement plaidé contre les jésuites en 1593.

D’autres réformes ou des fondations de congrégations secondaires s’ajoutaient à celles-là, et achevaient l’ensemble du mouvement. Le vénérable César de Bus fondait les prêtres de la Doctrine chrétienne, M. Charpentier les prêtres du Calvaire en Béarn, puis ceux du Mont-Valérien près Paris, le père Eudes les Eudistes. La réforme illustre de Saint-Maur s’introduisait en France en 1618 ; dom Tarisse, quand il fut élu général, en 1630, y donna l’impulsion aux grandes études. M. Olier instituait la congrégation de Saint-Sulpice.

Il y avait des évêques que l’exemple de saint Charles de Milan et de saint François de Sales animait d’une ferveur de sainteté, comme M. Gault, évêque de Marseille.

Les histoires particulières qu’on a écrites de ces hommes à piété active commencent chacune d’ordinaire par un exposé de l’état déplorable de l’église à la fin du xvie siècle, et rapportent à celui dont on retrace la vie l’idée principale d’une restauration religieuse. Tous y concoururent, d’abord sans s’entendre, et bientôt se rejoignirent, s’entendirent, ou quelquefois se combattirent dans leurs efforts.

Mais, même avant 1611, deux hommes, alors très jeunes, les pères de l’entreprise qui doit fixer notre attention, arrivaient à en concevoir une précoce et profonde idée. Jansénius, venu de Louvain à Paris pour motif d’étude et de santé, et M. Du Vergier de Hauranne, depuis abbé de Saint-Cyran, de quatre ans plus âgé que lui, se rencontrèrent ; et, causant de leurs lectures, de leurs pensées, ils reconnurent que les maîtres d’alors, asservis à des cahiers de scholastique, ne remontaient plus à l’esprit de la véritable antiquité chrétienne. Ils résolurent d’aller droit à ces sources ; et, pour s’y mieux appliquer, M. de Saint-Cyran emmena son ami Jansénius à Bayonne