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REVUE. — CHRONIQUE.

plus de ménagemens que depuis quelques jours on ne lui en témoigne dans la théorie. C’est là une question que les premiers actes de la chambre auront bien vite éclaircie, et que nous ne faisons pas difficulté d’abandonner jusque-là, pour n’y point mêler ces noms propres qui soulèvent si mal à propos tant d’injustes et maladroites accusations.

Ce ne sera point la faute du gouvernement si bientôt le système des communications intérieures de la France ne s’enrichit d’une ou deux grandes lignes de chemins de fer, et si l’activité nationale ne s’engage pas dans cette féconde carrière où nos voisins ont déjà fait de si merveilleux progrès. Plusieurs entreprises de ce genre ont été désignées à sa sollicitude par une commission spéciale, chargée d’étudier toutes les questions relatives aux chemins de fer en France, et qui lui a présenté un rapport non moins remarquable par l’élévation des idées que par la sagesse des conclusions pratiques. Elle a indiqué dans quel ordre d’importance doivent se classer les divers projets formés et étudiés depuis trois ou quatre ans, quel serait le meilleur moyen d’en assurer l’exécution, et le procédé à suivre pour concilier deux intérêts précieux, le développement de l’esprit d’association et l’intervention nécessaire du gouvernement. Le ministre du commerce et des travaux publics, qui présidait la commission, y a préludé aux discussions plus éclatantes, sinon plus approfondies, que les propositions du gouvernement auront à soutenir dans le sein des chambres, principalement sur les points qui touchent au système d’exécution et aux droits de l’état. M. Molé, qui, dans les régions élevées de la politique, n’a pas oublié que l’empereur l’avait appelé, bien jeune encore, à la place de directeur des ponts-et-chaussées, s’occupe aujourd’hui de ces questions vitales pour la prospérité de la France avec l’intelligence de l’homme spécial et la hauteur de vues de l’homme d’état. Il faut espérer que la chambre nouvelle mettra son honneur à seconder les projets du cabinet et à réaliser un plan mûri par les consciencieuses études de plusieurs années. C’est une partie du mandat que lui ont donné les électeurs, et si les députés ont promis à leurs commettans de défendre les intérêts des localités qui les ont élus, ils ne se sont pas engagés à leur subordonner les intérêts généraux de la France. Dans ces sortes de questions, le gouvernement est impartial ; et comme il voit de plus haut, on doit presque toujours supposer qu’il voit mieux.

En ouvrant, il y a peu de jours, le premier parlement de son règne, la reine d’Angleterre a prononcé un discours insignifiant et peu étendu, qui ne devait pas provoquer au début d’une session les discussions orageuses que s’est empressé de soulever, contre l’avis de tous les siens, un des chefs du parti radical, M. Wakley, représentant de la métropole. Le ministère ne demandait, en réponse au discours du trône, qu’une adresse sans couleur, écho des sentimens de la nation envers sa jeune souveraine, expression vague des espérances qui se rattachaient à son nom, un langage d’affection et de dévouement que tous les partis adoptassent aisément sans se compromettre, les uns sans approuver la politique du cabinet, les autres sans renoncer à leurs