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REVUE. — CHRONIQUE.

de la vitesse du son, de la thermométrie, de la hauteur des montagnes et des réfractions astronomiques, est celle que M. Rudberg, savant physicien allemand, vient d’annoncer dans les annales de Poggendorff.

Pendant plus de trente ans, on a regardé comme exacte la mesure de la dilatation de l’air et des gaz trouvée, presque en même temps, par MM. Gay-Lussac, en France, et Dalton, en Angleterre. Cette dilatation était, pour 100 degrés du thermomètre, de trois cent soixante-quinze millièmes du volume ou de la deux cent soixante-septième partie de ce volume à la température de la glace. Des calculs immenses ont été faits sur cette donnée ; maintenant si M. Rudberg a raison en prétendant que la dilatation n’est que de trois cent soixante-quatre millièmes, tout serait à refaire ; il faut espérer que les physiciens français nous démontreront que M. Rudberg s’est trompé.


Découvertes chimiques. — Les découvertes de la chimie, dans ces derniers temps, nous ont fourni bien plus de mots que de faits ; et quels mots, grand dieu ! La chloronaphtalase ! l’hydrobenzamide ! des mots aussi longs que barbares, et plus propres encore que les odeurs les plus repoussantes de la chimie à écarter les néophytes.

Il y a eu quelques faits pourtant ; l’Académie des sciences, ou du moins son rapporteur, M. Becquerel, a paru croire à la réalité d’un procédé pour la fabrication du rubis. Rien n’est plus simple : on n’a qu’à soumettre à la chaleur excessive d’un chalumeau à gaz oxigène et hydrogène de l’alumine ou même de l’alun, en y ajoutant un peu de chrome pour donner la couleur ; ce qu’on obtient ainsi a, dit-on, la composition chimique et la dureté du rubis ; quant à l’éclat de ce rubis de fraîche date, on n’en parle point ; cela rappelle les essais tentés en 1828, avec enthousiasme, pour fabriquer du diamant. Pourquoi non ? le diamant n’est-il pas du charbon pur, du carbone cristallisé ? Il n’y avait qu’à prendre une combinaison contenant du carbone, ce qui n’est point rare du tout, et susceptible d’abandonner à la longue cette substance en cristaux. On arriva bien à obtenir quelque chose, et l’on fit tant de bruit de ce quelque chose, que les joailliers durent trembler pour leur riche industrie ; mais finalement, de tous les chimistes fabricans de diamant, celui qui prétendait être arrivé le plus près du but, a jugé beaucoup plus à propos d’exploiter annuellement la mine des prix Monthyon, pour des procédés de momification, que d’établir une fabrique de carbone cristallisé en concurrence avec les mines du Brésil et de Golconde. Il est vrai de dire aussi que tout le monde n’est pas d’accord sur cette grande simplicité de composition et de fondation du diamant : tout récemment encore un célèbre physicien d’Édimbourg, sir David Brewster, a cru reconnaître, par certaines expériences d’optique, que le diamant est un produit d’origine végétale. Ce serait une sorte de résine primitivement molle comme l’ambre jaune ou succin qui passe à l’état fossile avec les arbres résineux d’où il provient, et qui souvent même, pour preuve de son origine, contient des insectes antédiluviens.