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REVUE. — CHRONIQUE.

sur les instances et aux applaudissemens de la meilleure partie de la population. Le ministère de M. Bardaji, enfin délivré de cette chambre tracassière et passionnée, trouvera plus de justice dans celles qui vont lui succéder. Le sénat, composé par la couronne sur des listes triples de candidats élus par chaque province, réunira plus d’intelligence politique et de vrai patriotisme que les dernières assemblées, nommées sous l’influence des mouvemens révolutionnaires qui ont tant favorisé les progrès de don Carlos. On espère beaucoup en Europe de l’ascendant qu’il prendra sur les affaires, de la force qu’il prêtera au gouvernement, de la direction qu’il lui imprimera. La situation est certainement moins mauvaise qu’il y a trois mois ; d’échec en échec, don Carlos a reculé de devant Madrid jusque dans les montagnes de la Navarre. Ses forces sont désorganisées ; on se plaint autour de lui ; les anciennes divisions reparaissent dans son camp et dans sa cour nomade ; quelques-uns de ses généraux expient dans les fers leur découragement ou leurs revers. Mais l’année dernière, après le retour de Gomez dans les provinces insurgées et la levée du siége de Bilbao, la cause de don Carlos paraissait aussi bien compromise, et cependant, quatre mois après, on l’a vu reprendre l’offensive la plus hardie. Il ne faut donc pas conclure de l’affaiblissement momentané de don Carlos que son parti n’a plus de ressources, car il en a encore d’immenses, et le théâtre des opérations militaires est si vaste, que les armées de la reine peuvent perdre en détail ce qu’elles ont gagné depuis quelque temps sur l’ensemble de la guerre. En voici une preuve toute récente. Le général Oraa, détaché de l’armée d’Espartero, ramassait, dans le Bas-Aragon et dans le pays de Valence, les moyens nécessaires pour assiéger Cantavieja, place forte bien connue des carlistes, position très avantageuse, où les généraux constitutionnels n’ont pas réussi à cerner le prétendant. Cabrera, qui suivait tous ses mouvemens, est parvenu à l’atteindre dans un étroit défilé de ces contrées montagneuses, l’a impunément attaqué avec l’avantage des lieux, lui a tué beaucoup de monde, et l’a contraint à se retirer en désordre sur Castellon de la Plana. Ce sont deux ou trois surprises de ce genre qui ont plusieurs fois livré à Cabrera une grande étendue de pays, et forcé ensuite le gouvernement de la reine à d’énormes sacrifices pour y reprendre la campagne. Don Carlos est rentré en Navarre avec des troupes démoralisées et affaiblies ; mais il a ramené le gros de son armée, et il a laissé derrière lui, dans la vieille Castille, des guérillas nombreuses qu’on aura de la peine à détruire, et qui lui prépareraient les voies pour une nouvelle expédition au-delà de l’Èbre, s’il redevenait assez fort pour l’entreprendre.

Le roi de Hanovre a consommé le coup d’état annoncé par le manifeste du 5 juillet. La constitution de 1833 est formellement abolie, le ministère renvoyé, la loi fondamentalede 1819 remise en vigueur. On promet en même temps au peuple hanovrien une diminution d’impôts, des sessions moins longues et plus rares, enfin tous les bienfaits possibles d’un gouvernement dans lequel il aura beaucoup moins à intervenir. Nous adresserons au roi