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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 novembre 1837.


Les élections sont terminées, moins celles de la Corse, qui ont toujours lieu un peu plus tard, et l’élection de l’arrondissement de Ploërmel qu’un accident imprévu a forcé d’ajourner. À cela près, la troisième chambre de la révolution de juillet est complète, et l’épreuve tentée par le ministère du 15 avril est subie. Cette épreuve est heureuse dans l’ensemble de ses résultats ; elle n’a point affaibli le gouvernement ; elle a diminué la force numérique des oppositions extrêmes ; elle a sensiblement amoindri le parti doctrinaire ; elle a fait gagner un grand nombre de voix au centre gauche et à cette fraction de l’ancienne majorité qui avait accueilli avec le plus d’empressement l’amnistie et le système de conciliation ; enfin, elle ouvre au pays une assez longue carrière à parcourir dans la nouvelle voie où l’a fait entrer le ministère de M. Molé, et la dissolution est pleinement justifiée. Cependant, quelque favorables que soient ces résultats, tout n’y répond pas aux prévisions et aux calculs qu’on avait cru pouvoir baser sur les circonstances et l’état présumé des esprits. Ainsi, généralement on ne s’attendait pas à autant de nouveaux choix. On portait à quatre-vingts, tout au plus, le chiffre des changemens probables dans le personnel de la chambre ; or, il y en a cent quarante-six, en comptant les nominations doubles, c’est-à-dire celles de MM. Thiers, Arago, Lamartine, Taillandier, Thiard, Clausel, Tupinier, Chasseloup-Laubat, et deux ou trois autres, ainsi que les simples mutations qui sont moins nombreuses ; et sur ces cent quarante-six changemens, on trouve déjà cent trente noms absolument nouveaux. Voilà le premier point sur lequel les calculs étaient restés en arrière de la réalité. Autre mécompte. Le parti carliste, qui avait, il est bon de le rappeler,