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déterminé à reculer d’un siècle plus haut encore la date de l’Exode ; » et puis : « Dans le cours de l’année 1836-37, j’ai été amené à placer la date d’Abraham à une époque beaucoup plus reculée que je ne l’avais pensé lorsque j’écrivais ces lignes ! » Mais vraiment si vous n’avez pas encore des principes arrêtés, qui donc vous oblige à professer ! et vous qui de l’autorité de votre nom couvrez un pareil abus, quel compte sévère n’a-t-on pas droit de vous demander ! Je veux bien qu’on ne vous fasse point un crime d’avoir livré à l’histoire ancienne une chaire qui vous a été confiée pour l’enseignement de l’histoire moderne ; mais, pour qu’il soit permis de se taire sur un pareil changement de destination, il faudrait que ce changement fût justifié par l’éclat, par la solidité de l’enseignement nouveau. Vainement avons-nous, dans l’œuvre de M. Lenormant, cherché une justification pareille. Cette œuvre eût demandé de l’indulgence et des encouragemens, si l’auteur nous l’eût présentée comme le fruit de ses recherches privées ; publiée par lui comme le résumé d’un enseignement officiel fait sous le patronage de M. Guizot, cette œuvre n’appelle plus qu’une critique sévère. À ceux qui me reprocheraient la verdeur de la forme, je dirai que la patience me manque pour faire un siége en règle autour de chaque absurdité, pour battre en brèche sérieusement une chose ridicule ; à ceux qui relèveraient les longueurs et les minuties, je dirai que mes conclusions sont trop sérieuses pour que je les veuille établir sans avoir aux yeux de tous plus que dix fois raison.


Dr  Dujardin