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COURS D’HISTOIRE ANCIENNE.

« L’on ne trouve pas, dit-il, plus de différence entre l’Hébreu, par exemple, et l’Égyptien, qu’entre l’Hébreu et tout autre rameau de la famille sémitique. » La découverte est assez importante ; l’auteur l’annonce avec assez de modestie et d’assurance tout à la fois, pour qu’il faille nous y arrêter quelque peu. « Pour être sincère, dit M. Lenormant, je dois avouer que le résultat auquel je crois être parvenu n’est point le fruit d’une étude complète des deux sources auxquelles j’ai dû puiser. Ce sont les inductions historiques qui se rattachent à l’occupation la plus habituelle de ma pensée, qui m’ont fait chercher les rapprochemens sur lesquels je m’appuie ; mais si ces rapprochemens n’avaient point été de la nature la plus évidente, je crois pouvoir me rendre la justice de dire que je ne m’y serais point arrêté. Tout au contraire, à peine ai-je commencé cette recherche, que j’ai vu jaillir à mes yeux une lumière si abondante, qu’il m’a été impossible de me refuser au témoignage de mes yeux. J’ai réuni un certain nombre d’exemples qui prépareront le lecteur à la conviction que j’ai acquise. »

L’abbé Barthélemy, à une époque où la langue égyptienne commençait à peine à être connue en Europe, écrivit quelques réflexions générales sur les rapports des langues égyptienne, phénicienne et grecque. Frappé de certaines analogies ou ressemblances, il arrivait à conclure l’existence d’une langue primitive commune à tous les peuples de l’ancien monde connu. Ces conjectures ingénieuses ont disparu devant une étude plus approfondie de la langue égyptienne, et depuis cette époque il a été généralement admis que, si le phénicien et le grec avaient quelques rapports avec l’égyptien, ces rapports étaient purement fortuits et du nombre de ceux qui peuvent exister entre choses tout-à-fait différentes.

M. Lenormant reprend aujourd’hui la moitié de la thèse que soutenait l’abbé Barthélemy ; je dis la moitié, parce qu’il passe sous silence les ressemblances avec la langue grecque, dont il n’a pas besoin. M. Lenormant, aux argumens de Barthélemy, que je ne rappellerai point ici, joint d’autres argumens qui lui sont propres. Ce sont ces derniers que nous allons examiner. « Un objet d’étude, dit-il, non moins propre à amener la persuasion, consisterait à choisir un radical sémitique (hébreu, par exemple), qu’on réduirait à l’élément primitif monosyllabique, et qu’on suivrait ensuite dans toutes ses phases, à travers les divers dialectes. Je ne doute pas que, dans un tel travail, on ne pût intercaler les formes égyptiennes tout aussi bien qu’on a pu ranger les mots éthiopiens dans les vocabulaires