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COURS D’HISTOIRE ANCIENNE.

Arabes musulmans. Là se trouvait l’histoire de la monarchie égyptienne, écrite en langue grecque par le prêtre Manéthon ; là se trouvaient les annales babyloniennes de Bérose, et, près de ces deux compositions capitales, les écrits d’une foule d’autres historiens dont il ne nous reste plus que les noms. De Manéthon, de Bérose, il n’est venu jusqu’à nous que des listes arides, mutilées, que des calculs fondus et refondus par les chronologistes chrétiens, que des chiffres et des noms altérés. Si donc les inscriptions des briques de Babylone et des rochers de l’Arménie, si les inscriptions des vieux temples de Thèbes et de ses grottes sépulcrales ne nous viennent en aide quelque jour, il est à craindre que le voile dont est couvert tout l’ancien monde ne soit jamais entièrement soulevé. Nous possédons, il est vrai, les livres sacrés des Hébreux qui n’avaient rien à redouter des désastres d’Alexandrie ; mais le peuple juif n’a jamais pris une bien grande part aux mouvemens qui ont agité toutes les populations de l’Asie : cependant, rattachés aux Chaldéens par leur origine, esclaves des Égyptiens pendant plusieurs siècles, ils ont pu nous donner, sur ces deux peuples qui se partagèrent l’empire de l’Orient, des renseignemens précieux. Nous trouvons, en effet, dans les livres du législateur hébreu, un tableau des races humaines. Ceux qui refusent à Moïse l’infaillibilité résultant d’une inspiration divine, doivent admettre au moins que ce prophète a pu, par des moyens tout humains, bien connaître les diverses populations d’une partie de l’ancien monde. Tout ce dont il nous parle, inspiré ou non, il pouvait et devait le savoir ; ce n’est pas sans motif qu’on attache à ses récits une grande importance : d’une part, il est bien instruit, nous devons le supposer ; d’autre part, il est le seul dont les écrits soient venus tout entiers jusqu’à nous.

C’est donc au législateur des Hébreux que s’adresse M. Lenormant, chargé de suppléer M. Guizot dans la chaire d’histoire moderne de la faculté des lettres, pour savoir quelles races avaient élevé les merveilleux édifices de Babylone et les prodigieux palais de Thèbes. Recherchant dans l’Orient les origines de la civilisation grecque, il veut dès l’abord établir les caractères distinctifs, les ressemblances et les différences qui rapprochaient ou éloignaient les unes des autres ces grandes familles humaines auxquelles appartient tout le passé. Bien des essais ont été tentés déjà pour refaire l’histoire des vieux temps ; bien des écrivains jusqu’ici ont fait et refait l’histoire ancienne ; M. Lenormant essaie de la refaire à son tour. Son entreprise est louable. Il annonce un édifice entièrement neuf ; nous aimons à croire qu’à la nouveauté se joindra la solidité, et nous accepterons volon-