Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 12.djvu/476

Cette page a été validée par deux contributeurs.
472
REVUE DES DEUX MONDES.

pauvre ; l’oubli des querelles de partis, la cessation des pestes, des révolutions, de la pénurie fiscale, et l’unité universelle.

« Les détracteurs se dénoncent eux-mêmes en m’attaquant sur des sciences nouvelles, cosmogonie, psychogonie, analogie, qui sont en dehors de la théorie de l’industrie combinée. Quand il serait vrai que ces nouvelles sciences fussent erronées, romanesques, il ne resterait pas moins certain que je suis le premier et le seul qui ait donné un procédé pour associer les inégalités et quadrupler le produit en employant les passions, caractères et instincts tels que la nature les donne. C’est le seul point sur lequel doit se fixer l’attention, et non pas sur des sciences qui ne sont qu’annoncées.

« Étrange despotisme que de condamner toutes les productions d’un auteur, parce que quelques-unes sont défectueuses ! Newton a écrit des rêveries sur l’Apocalypse ; il a tenté de prouver que le pape était l’Anté-Christ. Sans doute ce sont des folies scientifiques ; mais ses théories sur l’attraction et les rayons lumineux n’en sont pas moins bonnes et admises. En jugeant tout savant ou artiste, on sépare le bon or du faux. Pourquoi suis-je le seul avec qui la critique ne veuille pas suivre cette règle ? »

Quand un homme s’exécute ainsi, il ne reste plus rien à dire. On ne frappe pas sur une poitrine qui se découvre.

ATTRACTION PASSIONNÉE. — ANALYSE DES DOUZE PASSIONS RADICALES.

Nous voici à la clé, au pivot de la découverte.

Charles Fourier dit : « Le devoir vient des hommes, l’attraction vient de Dieu. » Le devoir vient tellement des hommes qu’il varie de peuple à peuple, et d’une époque à une autre. L’attraction, c’est-à-dire la tendance des passions, est tellement un fait divin, que les passions sont les mêmes chez tous les peuples, civilisés ou sauvages, dans tous les siècles, primitifs ou modernes. Dieu maintient dans ce sens la tendance des passions, malgré l’abus actuel qu’en fait l’homme, parce que les passions ainsi combinées doivent servir à l’avénement et au maintien des destinées futures, d’où il résulte que les passions s’agitent aujourd’hui, malheureuses et comprimées, dans un milieu provisoire, pour s’établir plus tard, heureuses et satisfaites, dans le milieu que Dieu leur a réservé. Supposer le contraire, c’est supposer Dieu inepte et incapable de diriger harmonieusement le monde. Ainsi, toute passion, toute attraction est une chose naturelle, légi-