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HOMMES D’ÉTAT DE LA GRANDE-BRETAGNE.

ni à l’abattement, et marchait au but d’un pas égal et ferme, sans craindre comme sans espérer trop.

Cependant, après son retour en Angleterre, sir Arthur Wellesley ne courut pas grand danger de rester long-temps livré aux fastidieux loisirs d’une vie de garnison. Un frère aîné, ambitieux et remuant comme l’était lord Wellesley, ne devait pas laisser languir dans l’inaction les talens naturels et les facultés acquises du jeune officier. En 1806 le général Wellesley entra au parlement comme représentant de New-Port, dans l’île de Wight, petit bourg à la disposition du ministère, et dans la même année il épousa miss Pakenham, jeune dame irlandaise de noble famille, union qui, par la suite, ne fut pas fort heureuse. À cette époque, son expérience des affaires de l’Inde le rendit assez utile au gouvernement, et c’est lui qui passe pour avoir fait abandonner l’absurde projet de recruter dans les Antilles une armée de nègres pour contenir les Hindous, tandis qu’on aurait envoyé les Cipayes en garnison dans nos colonies des Indes-Occidentales. En 1807, après la chute du parti de Fox et de lord Grenville, sir Arthur Wellesley fut nommé secrétaire d’état pour l’Irlande, sous la vice-royauté du duc de Richmond. Mais à peine avait-il passé quelques mois dans ce noviciat des grandeurs ministérielles, qu’il fut rappelé d’Irlande pour servir sous les ordres de lord Cathcart dans l’expédition de Copenhague ; et c’est lui qui commandait les troupes dans la seule affaire sérieuse de cette courte campagne, la bataille de Kioge, où fut défait le général danois Linsmar.

Ici se termine ce qu’on peut appeler l’éducation politique et militaire de lord Wellington. À partir de 1808 s’ouvre devant lui le grand théâtre de sa gloire future, de ses succès comme général, de sa prépondérance comme adversaire de Napoléon ; c’est en 1808 qu’il commence à remplir seul et à dominer en première ligne la scène où il n’avait joué jusqu’alors que des rôles secondaires. Les évènemens de la campagne de 1808 en Portugal, contre Junot, sont trop bien connus pour qu’il soit nécessaire de les rapporter ici, et nous n’en dirons qu’un mot à l’occasion de quelques traits propres à caractériser l’homme. Sir Arthur Wellesley, trop peu célèbre encore comme militaire (car en Europe, ainsi que nous l’avons dit, le service de l’Inde compte à peu près pour rien), n’était pas d’abord chargé par le gouvernement de la responsabilité immédiate d’un grand pouvoir. C’est par hasard que sa division a joué un rôle si considérable dans les évènemens de cette année. Les deux armées en étaient venues aux mains pour la première à Roliça ; quelques jours après, Junot