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REVUE. — CHRONIQUE.

durée, se prolongea ; M. Champollion ne devait plus reparaître dans cette chaire fondée pour lui, et qu’il n’avait occupée qu’un instant ; la mort l’enleva dans les premiers mois de l’année suivante.

Si la chaire nouvelle eût eu pour objet les branches diverses de l’archéologie générale, on eût procédé sur-le-champ, suivant l’usage, au remplacement du professeur que la science venait de perdre ; mais, persuadés que cette chaire appartenait exclusivement à l’archéologie égyptienne, et ne voyant personne qui pût, à cette époque, être chargé de la continuation d’un enseignement si malheureusement interrompu, les professeurs du Collége de France obtinrent que le remplacement serait ajourné. Des études qui ne faisaient alors que commencer pouvaient être continuées, développées avec succès ; le temps aidant, un successeur se pouvait présenter, capable de suivre les traces du premier titulaire, et d’enseigner, avec la langue égyptienne-copte, les principes suivant lesquels on la doit appliquer à l’interprétation de ces monumens qui recouvrent le sol de l’Égypte et qui remplissent nos musées. Une année s’écoula de la sorte, puis deux, puis trois ; aujourd’hui l’ajournement date de cinq années entières, pendant lesquelles l’espoir de trouver un professeur d’archéologie égyptienne s’est toujours maintenu dans le sein du Collége de France. Cependant le délai devait avoir un terme. Le traitement attaché à la chaire vacante courait toujours ; le Collége le touchait exactement et l’employait à compléter ses collections scientifiques, ce qui était fort bien au fond, mais peu régulier pour la forme. Le ministre de l’instruction publique a donc cru devoir exiger que cette affaire se termine, qu’un professeur soit nommé s’il est possible, sinon, que la chaire, et par suite le traitement, soient supprimés. Là-dessus, première réunion des professeurs, décision préliminaire prise par eux, qui modifierait la nature de la chaire, et ajournement fixe de la présentation, dans les conditions nouvelles, aux premiers jours de novembre prochain. La décision dont nous parlons, fondée sur l’acception la plus étendue du mot archéologie, ouvrirait la chaire vacante à toutes les branches de l’histoire du passé, y compris une partie de notre histoire nationale.

À l’époque où cette chaire fut instituée, le ministre d’alors, dit-on, prévoyant telles circonstances dans lesquelles l’enseignement commencé par M. Champollion ne pourrait être continué, supprima la qualification d’égyptienne que l’on avait d’abord accolée au titre du cours nouveau. Nous acceptons ce fait. Si, après la mort prématurée de M. Champollion, qui ne laissait aucun élève capable de lui succéder, on eût immédiatement introduit dans la chaire devenue vacante une autre branche d’enseignement, cet arrangement n’eût permis aucune objection. Mais on a tardé cinq années, pendant lesquelles on a laissé aux amis des études égyptiennes l’espoir que dans cette chaire, veuve si promptement de son premier titulaire, l’enseignement de M. Champollion pourrait être repris ; et cet espoir a peut-être encouragé la continuation de bien des travaux. Faire aujourd’hui ce que l’on n’a point fait il y a cinq ans, serait, nous n’en doutons pas, porter un coup mortel aux études qui ont l’Égypte pour objet ; ce serait déclarer impuissans les efforts de tous ceux qui, depuis la mort de M. Champollion, ont fait de la langue égyptienne-copte le sujet de leurs travaux. Mais, si cette langue a été reconnue pour la seule voie qui puisse conduire à l’interprétation des légendes hiéroglyphiques ; si la langue égyptienne-copte a été signalée par