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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 octobre 1837.


La dissolution est prononcée, et la chambre des pairs compte cinquante membres de plus. Ce sont là les deux grands évènemens de la quinzaine, évènemens prévus, annoncés depuis long-temps, mais que l’impatience publique accusait de se faire trop attendre, et dont les intéressés devançaient néanmoins de toutes parts la promulgation officielle. On ne s’attendait pas généralement à une création de pairs aussi nombreuse. Mais il paraît que les demandes de pairie s’étaient multipliées au-delà de toutes les bornes qu’on avait d’abord assignées à cet exercice de la prérogative royale, à mesure que les prétendans possibles avaient l’occasion de comparer leurs titres à ceux des personnes que désignaient comme déjà placées sur la liste les demi-révélations de la presse et les bruits de salon. Il a donc fallu compter au moins avec quelques-unes des candidatures qui surgissaient chaque jour, et comme en effet les catégories de la loi sont très larges, comme elles admettent expressément un très grand nombre de titres, il n’est pas étonnant que dans les législatures passées et présentes, dans les cours royales, dans les conseils-généraux, l’état-major des armées de terre et de mer, la diplomatie active ou en retraite, que sais-je encore ? parmi les anciens ministres, dans les académies, on ait trouvé cinquante noms à transporter dans la chambre des pairs. On en aurait trouvé cent, si l’on avait voulu ; car cette aristocratie légale de fonctions, de services rendus, de mérite très réel, est nécessairement fort étendue dans un grand pays comme la France et dans l’immense personnel administratif, diplomatique, militaire, que présente ce livre précieux, manuel de tout homme politique, l’Almanach Royal. Aussi, à très peu d’exceptions près, ne se demande-t-on jamais dans le public pourquoi monsieur un tel est pair de France, mais pourquoi monsieur tel autre ne l’est pas.

La dernière promotion de pairs est donc à peu près tout ce qu’elle pouvait être, et d’ailleurs, puisqu’on préfère des fournées, pour nous servir du terme un peu vulgaire, mais consacré par l’usage, à des nominations individuelles et fréquentes, qui pourraient suivre assez régulièrement les extinctions, il faut bien réparer à la fois les pertes de plusieurs années par