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DU PHILOPŒMEN.

reur des Géorgiques est placé près de Cincinnatus, pourquoi Spartacus et Thémistocle séparent Cincinnatus de Philopœmen ? Le Minotaure et Prométhée, Alexandre et le Soldat de Marathon donnent lieu à la même question. Avec la meilleure volonté du monde, il n’est pas permis de croire que M. Fontaine, qui prétend continuer Philibert Delorme et Lenôtre, et qui même s’attribue le droit de les corriger, ait délibéré pendant une matinée sur le choix des figures qu’il place aux Tuileries. Livré tout entier aux soucis de la maçonnerie, il n’a pas daigné discuter avec l’intendant de la liste civile le nom et la patrie des personnages qui devaient garnir les piédestaux ; pour lui, toute la question se réduit à distribuer en face du château un certain nombre de blocs de Carrare. Que les personnages soient grecs, romains ou français, peu lui importe. S’il n’eût consulté que son goût, si personne ne fût intervenu dans la distribution des travaux de sculpture, il est probable que M. Fontaine eût préféré aux statues que nous venons de nommer une douzaine de vases exécutés par M. Plantard ; heureusement l’intendant de la liste civile ne partage pas le goût de M. Fontaine pour la caricature des vases antiques et des vases florentins, et si la plupart des statues nouvelles placées aux Tuileries sont au-dessous de la critique, du moins faut-il reconnaître qu’elles sont préférables aux vases, aux lions et aux candélabres de M. Plantard. Si l’on excepte le Phidias, le Prométhée et le Philopœmen, pas une de ces statues ne mérite l’honneur de l’analyse ; Périclès et Thémistocle sont d’une égale médiocrité. Mais il était certainement possible de tirer bon parti de ces figures, et quoiqu’elles soient d’une vulgarité rebutante, nous les préférons aux œuvres de M. Plantard. N’y avait-il donc pas moyen de concevoir pour la décoration des Tuileries une série de statues en harmonie avec le bon sens, avec le goût des promeneurs, avec les idées qui préoccupent la société contemporaine ? N’eût-il pas été naturel de demander aux statuaires français un choix de figures prises dans l’histoire de France ? Le caractère païen des figures et des groupes distribués dans le jardin ne s’opposait pas à l’accomplissement de cette idée ; car il n’était pas nécessaire de soumettre la décoration sculpturale des Tuileries aux lois d’une impérieuse unité. Ce qui eût été sage dans un jardin nouveau, devenait puéril dans un jardin commencé depuis long-temps. D’ailleurs, je le demande, comment Phidias et Philopœmen s’accordent-ils avec les groupes de Coustou et de Lepautre ? Sans imiter le ridicule exemple du patriotisme anglais, qui a représenté le duc de Wellington sous les traits d’Achille, il est per-