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ORGANISATION FINANCIÈRE DE LA GRANDE-BRETAGNE.

ressort principal du gouvernement. Presque toutes ses opérations ont pour base ou pour objet quelque relation directe ou indirecte avec le Trésor. Ainsi les effets de commerce forment à peine la huitième partie des valeurs qui représentent, pour elle, les fonds en émission. La masse de ces garanties se compose de bons de l’Échiquier, que la Banque reçoit pour gage de ses avances au Trésor, ou qu’elle achète pour tenir lieu, dans ses caisses, de l’or ou de l’argent qui resteraient improductifs. Les fonds des particuliers forment, au contraire, la plus grande partie des dépôts qui lui sont confiés. L’argent qu’elle emprunte ainsi gratuitement est prêté ensuite au gouvernement qui lui en paie l’intérêt ; l’état, à son tour, lui sert de garantie et de caution, à l’égard des premiers prêteurs, par des titres qu’il remet dans ses mains. La Banque n’est, en réalité, qu’un intermédiaire, mais un intermédiaire responsable dans ce jeu de la circulation, où elle représente le mouvement, et l’État le point d’appui.

En France, la Banque royale établie à Paris n’a que des relations très secondaires avec le Trésor ; dans le compte courant qu’elle lui ouvre, celui-ci se trouve presque aussi souvent créancier que débiteur. C’est à peine si la Banque engage une partie de ses fonds dans la dette flottante ; et quant à la dette inscrite, lorsque l’état veut emprunter, c’est ailleurs qu’il va chercher des prêteurs. Dans la Grande-Bretagne, au contraire, la Banque est le principal instrument du crédit public. S’agit-il de réduire l’intérêt de la dette par une conversion partielle ou générale des rentes inscrites, la Banque d’Angleterre fournit à l’Échiquier les fonds nécessaires pour répondre aux demandes de remboursement. Quand l’état a besoin de faire un emprunt, il s’adresse d’abord à la Banque qui est dans les meilleures conditions pour lui prêter. Le capital social de la Banque qui s’élevait encore, en 1832, à 363,825,000 francs, avait été absorbé par les prêts faits successivement à l’état, depuis 1694, à un taux moyen de 3 pour 100. En 1823, une nouvelle avance de 327 millions fut accordée au Trésor ; ainsi, malgré le remboursement opéré en 1833, et la réduction équivalente de 91 millions dans le capital social de la Banque, l’état se trouve encore débiteur envers elle de 547,825,000 fr., sans compter les titres de la dette flottante dont la Banque est le principal acheteur.

L’intervention constante de la Banque dans les opérations de crédit auxquelles se livre le gouvernement a mis le Trésor dans sa dépendance, et pour ainsi parler, à sa merci. Le sanhédrin de Stock-Exchange règle l’intérêt des bons de l’Échiquier aussi bien que le taux de l’es-