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ORGANISATION FINANCIÈRE DE LA GRANDE-BRETAGNE.

domine encore, et où la constitution de la propriété est demeurée purement féodale, avant que l’état puisse mettre la main sur l’impôt direct, il faut que cette source ait défrayé les besoins des paroisses, des villes et des comtés. En revanche, l’impôt indirect est du domaine exclusif de l’état, à ce point, que les villes et les corporations n’en retirent pas plus de 20 millions de francs.

C’est la nécessité qui a déterminé le système d’impôt en usage dans la Grande-Bretagne ; mais, quand il s’est agi de fixer l’assiette et la mesure de chaque branche de contribution, c’est le hasard seul qui a tout fait. En France, l’impôt a été révolutionné et renouvelé de fond en comble ainsi que l’état ; de là vient que l’on aperçoit dans cet ensemble une certaine harmonie de proportions. Mais les Anglais, dans la voie du progrès, ne procèdent jamais par une refonte générale des institutions. Les impôts s’établissent chez eux à mesure que les nécessités du Trésor deviennent pressantes, et disparaissent ou s’atténuent avec ces mêmes nécessités. Il arrive ainsi que l’assiette des contributions, ne se modifiant pas aussi promptement que les formes de la richesse publique, se trouve, au bout d’un certain temps, contraster, comme une sorte d’anachronisme, avec l’état de la civilisation. Le tarif des douanes, par exemple, comprend cinq cent soixante-six espèces de droits établis sur un nombre égal d’articles différens, dont cinq cent dix, suivant l’observation de sir Henry Parnell, n’ont pas produit tous ensemble 13,000,000 de francs. Voilà donc cinq cent dix articles de commerce soumis à des entraves onéreuses autant que vexatoires, et cela sans utilité réelle pour le trésor ! Que dire des droits sur le papier qui élèvent le prix des livres et font obstacle à l’instruction du peuple ; impôt auquel le peuple anglais a infligé la qualification flétrissante de taxe de la pensée ? De là aussi tous ces monopoles de droits indirects attribués à des corporations ou à des individus, et parmi lesquels on retrouve un impôt sur la publication des documens utiles au commerce, qui rapporte aux propriétaires un bénéfice annuel d’environ 300,000 francs.

De 1831 à 1836, le gouvernement a réduit ou supprimé des taxes pour une valeur d’environ 8,000,000 de livres sterling (200,000,000 de francs). Le système de l’impôt a été corrigé dans ses abus les plus révoltans, mais il gêne encore le développement de la richesse et du travail.

Sur 1,300,000,000 de francs, dont se compose le revenu de l’état, les droits de douanes produisent environ 460,000,000 ; l’excise, qui porte principalement sur les boissons, sur le thé, sur la