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LE PORTUGAL AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE.

continent américain. Ce fut alors[1] qu’on découvrit une vaste conspiration tramée par un officier-général distingué. José Freyre et ses complices, dont les cendres furent jetées au vent avec un sombre appareil, payèrent de leur vie une tentative qui avait peut-être pour but d’établir des institutions démocratiques, mais dans laquelle le patriotisme portugais ne voulut voir qu’un noble et malheureux effort en faveur de l’indépendance nationale.

Cependant la régence qui administrait le pays sous la main du maréchal Beresford, put arrêter encore, mais pour bien peu de temps, l’essor de l’esprit public, et prévenir une catastrophe imminente à Lisbonne, avant que Quiroga et Riego n’eussent levé dans l’île de Léon l’étendard de l’insurrection espagnole.

Ce mouvement décida, sans doute, celui du Portugal ; mais il faut reconnaître que celui-ci, déterminé surtout par la haine de l’étranger, fut indépendant de l’autre dans son principe, quoique l’action de l’Espagne sur le royaume voisin se soit exercée dès-lors avec un ascendant qui n’a fait qu’augmenter depuis.

Le 24 août 1820, un cri d’indépendance partit de Porto et fut répété dans tout le royaume. Une junte provisoire, instituée par la garnison insurgée, se borna d’abord à proclamer la convocation d’un congrès général, pour régler le sort du royaume, veiller à la réparation des griefs sous l’expresse réserve du respect dû à la religion catholique et à la souveraineté de la maison de Bragance.

Ce début, signalé par une modération remarquable, n’alarma ni les opinions ni les intérêts d’aucun corps. Toutes les classes de la société ouvrirent leur cœur à l’espérance et adoptèrent d’enthousiasme un mouvement dont le seul but paraissait être de restaurer l’indépendance et la dignité de la nation. Vainement les régens essayèrent-ils la résistance. Leur voix impopulaire, écho des ordres de l’étranger, se perdit au sein de l’allégresse publique. Le 15 septembre, la garnison de Lisbonne adhéra au mouvement de Porto, et un gouvernement provisoire fut composé des hommes les plus considérables du royaume.

Mais il fallait aux chefs du mouvement autre chose que la restauration de la monarchie et des institutions nationales : ils voulaient un triomphe révolutionnaire. Trois mois à peine étaient passés depuis le mouvement de Porto, que la garnison de la capitale, à l’instigation d’Antoine de Silveira, depuis chef de l’insurrection miguéliste du

  1. En 1817.