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LES CENCI

( 1599 )

Le don Juan de Molière est galant sans doute, mais avant tout, il est homme de bonne compagnie ; avant de se livrer au penchant irrésistible qui l’entraîne vers les jolies femmes, il tient à se conformer à un certain modèle idéal, il veut être l’homme qui serait souverainement admiré à la cour d’un jeune roi galant et spirituel.

Le don Juan de Mozart est déjà plus près de la nature, et moins français, il pense moins à l’opinion des autres ; il ne songe pas, avant tout, à parestre comme dit le baron de Fœneste, de d’Aubigné. Nous n’avons que deux portraits du don Juan d’Italie, tel qu’il dut se montrer, en ce beau pays, au xvie siècle, au début de la civilisation renaissante.

De ces deux portraits, il en est un que je ne puis absolument faire connaître, le siècle est trop collet monté, il faut se rappeler ce grand mot que j’ai ouï répéter bien des fois à lord Byron : This age of cant. Cette hypocrisie si ennuyeuse et qui ne trompe personne, a l’immense avantage de donner quelque chose à dire aux sots : ils se scandalisent de ce qu’on a osé dire telle chose, de ce qu’on a osé rire de telle autre, etc. Son désavantage est de raccourcir infiniment le domaine de l’histoire.

Si le lecteur a le bon goût de me le permettre, je vais lui présenter, en toute humilité, une notice historique sur le second des don Juan, dont il est possible de parler en 1837 ; il se nommait François Cenci.