Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/637

Cette page a été validée par deux contributeurs.
633
REVUE. — CHRONIQUE.

partialité, sur la Russie, comme sur l’Espagne, sur l’Italie et tous les états dont nos collaborateurs ont pu apprécier la tendance et la situation ; mais on peut être assuré que ces articles ne seront jamais soumis à aucune censure, russe ou prussienne, et que ce n’est pas à des voyageurs ou à des fonctionnaires étrangers que nous nous adresserons jamais pour la rédaction de nos travaux politiques.


— La présence du roi à la distribution des prix du concours général a donné à cette solennité un éclat et un intérêt inaccoutumés. Il faut féliciter le ministère de s’être associé au mouvement qui a porté Louis-Philippe à venir prendre sa part, comme tous les pères des enfans couronnés, de cette fête de tant de familles. Quant au ministre qui la présidait, ç’a été une bonne fortune, et nous dirions presqu’un admirable exorde en action, pour son beau discours sur le travail, que l’arrivée inattendue du roi, roi par le travail, venu à une distribution de prix pour y voir couronner deux de ses fils, les premiers aussi d’entre leurs concurrens par le travail. Le discours du ministre, grand-maître de l’Université, a été digne de l’auditoire tout entier. Des pensées libérales, fermes, élevées, exprimées dans un bon langage ; notre civilisation célébrée avec une heureuse concision ; l’égalité, fruit du travail, proclamée par la loi le principe vital de la société française ; des hommages sincères plutôt que des flatteries officielles au roi, lequel était loué pour les services et les labeurs qui l’ont fait roi, plutôt que pour cette grandeur matérielle, indépendante de la personne, où la flatterie va toujours s’inspirer ; une émotion modeste et une sensibilité vraie, en prononçant des paroles venues du cœur, toutes ces choses ont fait écouter le discours de M. de Salvandy avec une sympathie et une confiance qui imposent au ministre de l’instruction publique de graves obligations pour l’avenir.

Il faut, en ce qui le regarde particulièrement, qu’il tienne les promesses solennelles qu’il a faites au travail au nom du gouvernement dont il est membre ; il faut que le travail trouve en lui protection et garantie ; il faut que le talent et les services, appréciés par les juges compétens, et non pas exagérés par la banale complaisance des recommandations, se voient faire toute la place qu’il est possible qu’on leur fasse dans notre société encombrée, où il y a cent concurrens pour une position. Même dans cet encombrement, qui n’est la faute de personne, un ministre équitable et laborieux peut faire beaucoup de bien, et de deux manières : d’une part, en élargissant l’horizon devant tous ceux qui, parmi les hommes de mérite, en ont le plus ; et d’autre part, en laissant à tous ceux qui demeurent momentanément en dehors de l’avancement, l’opinion que l’administration n’a rien négligé pour les y faire entrer.

M. de Salvandy paraît vouloir que son discours soit regardé dans l’Université comme le programme de sa conduite. Outre plusieurs mesures de détail, et, en général, une grande activité dans l’exercice de ses fonctions, il vient d’ouvrir la voie des améliorations par un acte qui pourrait passer pour la première et la plus urgente de toutes, et qui ne peut avoir une médiocre portée. Il s’agit de l’entrée des inspecteurs-généraux dans le conseil royal. C’est un retour au décret de 1808, et une remise en vigueur de cette disposition si sage et si féconde qui admet au droit de délibération, dans les hauts conseils de l’Université, ceux qui en voient de plus près et pé-