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LES UNIVERSITÉS SUÉDOISES.

et de tous les bienfaiteurs de l’université, et dans les allées de saules du cimetière d’Upsal, on rencontre à chaque pas une tombe mémorable ou un nom cher à la science. Aujourd’hui encore, il existe à cette université une réunion d’hommes qui suffirait pour l’illustrer, si elle ne l’était depuis long-temps. Là est Geiier, historien et poète[1] ; Atterbom, professeur de littérature, l’un des chefs de la révolution littéraire qui s’est opérée en Suède ; Svanneberg, qui a déterminé l’arc du méridien en Laponie ; Schrœder, qui a publié plusieurs dissertations savantes sur l’archéologie suédoise et les antiquités du Nord. Le vice-chancelier de l’université, l’archevêque Wallin, est lui-même un écrivain fort remarquable, un poète distingué.

Il y a ici vingt-six professeurs ordinaires, douze professeurs adjoints, vingt-cinq privat-docent. L’université est riche. Elle paie elle-même toutes ses dépenses. Ses revenus se composent du produit des terres qui lui ont été léguées par Gustave-Adolphe, et de l’intérêt de ses capitaux ; ils s’élèvent chaque année à 75,000 rixdaler-banco (150,000 francs). Ses biens sont administrés par un intendant sous la surveillance de deux professeurs, qui changent tous les ans. Chaque professeur ordinaire reçoit 200 rixdaler et deux cent vingt-cinq tonnes de grain, ce qui équivaut à peu près à un traitement de 3,500 francs. Les professeurs adjoints ne reçoivent que soixante-cinq tonnes de grain. Les privat-docent n’ont que le produit de leurs leçons.

En outre de ces revenus, il faut compter plusieurs legs institués pour des chaires particulières, par exemple pour une chaire de théologie, pour une chaire d’économie politique, etc. Enfin un grand nombre de stipendes sont distribués entre les étudians. Les stipendes du roi et de l’état s’élèvent annuellement à la somme de 6,300 francs, les stipendes des particuliers à 34,242. Plusieurs fois ces stipendes ont été accordés à des jeunes gens ayant fini leurs études, pour entreprendre au dehors de la Suède des voyages scientifiques.

On compte à Upsal environ huit cent cinquante étudians, tous Suédois. L’élève qui désire être admis à l’université, passe un examen devant la faculté de philosophie et cinq professeurs adjoints. On l’interroge sur les principes élémentaires de la théologie, sur l’histoire, l’histoire naturelle, la géographie, la logique, les mathématiques, l’hébreu, le grec, le latin, le français, l’allemand. S’il est reçu, il prête serment de fidélité au roi et à la famille royale, et le recteur l’inscrit dans les registres de l’académie, sinon il lui est permis de rester provisoirement à l’université, mais sous la garantie d’un étudiant déjà immatriculé. Il peut assister aux cours, mais il ne jouit d’aucun des priviléges attribués à l’université.

Les principaux priviléges des étudians sont d’être exempts de la milice, exempts d’impôts, et de ne reconnaître que la juridiction universitaire à six milles autour d’Upsal.

  1. Nous publierons prochainement dans la Revue une notice sur les travaux historiques et littéraires de Geiier.