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Dans la première étaient compris les étudians d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande ; dans la seconde, les Hollandais et les Westphaliens ; dans la troisième, les hommes de la haute Allemagne, et les Danois, Suédois, Norvégiens.

En 1285, un riche Suédois, André And, acheta, dans la rue Serpente, à Paris, une maison pour ses compatriotes. Plusieurs personnes la dotèrent, et l’archevêque d’Upsal lui accorda une partie de la dîme des pauvres. Les élèves étaient là, au nombre de douze, soumis aux mêmes institutions, astreints au même régime. En 1291, un autre archevêque leur donna un règlement qui leur prescrit les mesures de discipline auxquelles ils doivent se conformer et les pratiques religieuses qu’ils doivent suivre. Ce règlement commence ainsi : « Considérant que l’université de Paris est semblable à un champ fertile où l’on recueille les épis de la science, que cette université a produit un grand nombre d’hommes de vertu et de savoir, dont les qualités heureuses se répandent sur les autres, que par là l’homme grossier a été ennobli, l’homme au cœur humble glorifié, frère Jean, par la miséricorde de Dieu, élu de l’église d’Upsal, déclare, etc. »

Mais le XVe siècle était venu, apportant avec lui le flambeau d’une époque nouvelle. La science s’était mise en marche avec l’imprimerie, et les études dont on s’était contenté jusqu’alors, parurent insuffisantes. L’Allemagne avait fondé plusieurs universités. Le Nord voulut suivre son exemple. Sten Sture, régent de la Suède, fonda l’université d’Upsal, en 1477. Les commencemens de cette institution ne furent pas heureux. Des troubles politiques, des guerres avec la Russie et le Danemark, absorbèrent l’attention des grands et l’attention du peuple. Les pauvres muses se retirèrent en silence derrière leur portique, l’école naissante fut oubliée. Quand Gustave Wasa, qui y avait passé cinq ans, monta sur le trône, il la prit sous son patronage ; mais tout ce qu’il avait tenté de faire pour elle, fut paralysé ou anéanti par un de ses successeurs, Jean III. Ce roi avait épousé une princesse catholique de Pologne, Catherine Jagellon. Il voulut opérer en Suède la même réaction que la reine Marie essaya d’opérer en Angleterre. Il proscrivit le dogme luthérien, et fonda à Stockholm, avec les dotations d’Upsal, un gymnase qui fut placé sous la direction des jésuites.

Le beau temps de l’université d’Upsal commence à Gustave-Adolphe. Ce fut lui qui la releva de l’état d’abandon où elle était plongée ; ce fut lui qui l’enrichit. Il l’avait adoptée comme sa fille ; il lui donna tous ses livres et tous ses biens, tout le patrimoine des Wasa, c’est-à-dire trois cents pièces de terre et plusieurs prébendes. Dès cette époque de régénération, elle a prospéré, elle a grandi, elle est devenue l’une des écoles les plus célèbres et les plus imposantes de l’Europe. C’est là qu’a vécu Rudbeck, l’auteur de l’Atlantica, Verelius le philologue, Ihre, qui a écrit le glossaire Sveo-gothicum, Celsius, qui accompagna Maupertuis au cap Nord, Thunberg le botaniste, Linnée, et Bergmann, le prédécesseur de Berzélius. Dans la salle du consistoire, on conserve religieusement les portraits de tous les hommes célèbres