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LES
MAÎTRES MOSAÏSTES.

SECONDE PARTIE.[1]

vi.

Le soleil commençait à peine à dorer le faîte des blanches coupoles de Saint-Marc, et les gondoliers du grand canal dormaient encore étendus sur la rive, autour de la colonne Léonine, lorsque la basilique se remplit d’ouvriers. Arrivés les premiers, les apprentis dressèrent les échelles, trièrent les émaux, broyèrent le ciment, le tout en chantant, en sifflant et en causant à haute voix, malgré la douleur et l’indignation du bon père Alberto, qui s’efforçait en vain de rappeler à ces jeunes étourdis la majesté du saint lieu et la présence du Seigneur.

Si les exhortations du prêtre mosaïste ne produisaient pas beaucoup d’effet sous la grande coupole où travaillait l’école des Zuccati, du moins il pouvait y satisfaire son zèle et soulager sa conscience par des réprimandes longues et sévères. Jamais il n’était interrompu par un propos grossier ou par un rire insultant, car si ces élèves avaient la

  1. Voyez la livraison du 15 août.