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ORIGINE DES ZODIAQUES.

voyons la nation hellénique prendre un essor indépendant ; par une foule de combinaisons qui lui étaient propres, constituer la société sur des bases que l’Orient n’avait jamais connues, créer une langue admirable, qui semble n’avoir conservé quelques traces des idiomes orientaux que pour montrer tout ce qu’elle a dû au génie particulier du peuple qui l’a inventée, et, grace à un merveilleux instinct du beau en tous genres, perfectionner tellement les rudimens imparfaits des arts qu’elle devait aux colonies étrangères, qu’on a souvent peine à discerner la trace de l’impression primitive. On a dit encore que la Grèce devait à l’Orient tout ce qu’elle a possédé de connaissances scientifiques ; mais on n’a point fait attention que les Grecs, avant l’école d’Alexandrie, sont restés à peu près étrangers à ce que nous appelons les sciences ; les mathématiques et l’astronomie encore étaient dans l’enfance au temps même de Platon et d’Eudoxe, et si l’on veut que ces philosophes aient tout appris en Égypte, on est obligé de convenir qu’à en juger par le savoir des disciples, les maîtres devaient être fort inhabiles. Nous voyons, au contraire, la faible somme des connaissances positives des Grecs s’augmenter peu à peu, et s’enrichir de loin en loin de quelques notions si rares, si imparfaites, qu’il serait presque inutile de recourir à une influence étrangère. Il faut bien le reconnaître, les vraies sciences ne sont nées, dans l’antiquité, qu’à l’époque de l’école d’Alexandrie, alors que l’esprit positif de recherches et d’observation, succédant à l’esprit poétique des anciens temps, conduisit les Grecs sur des routes nouvelles ; on les vit porter dans l’étude des sciences cette même activité intellectuelle, cette finesse et ce discernement parfait qui sont le caractère distinctif de toutes leurs œuvres. En même temps qu’ils étendaient partout l’influence de leurs arts et de leur littérature, ils perfectionnèrent les connaissances astronomiques et mathématiques ; ils vinrent enseigner à la Chaldée comme à l’Égypte des théories qu’elles n’avaient jamais connues, et leur rendirent une véritable science pour prix des notions vagues et incertaines qu’ils en avaient reçues jadis.


Letronne.