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ORIGINE DES ZODIAQUES.

des divinités de l’Égypte et de l’Asie passèrent en Italie et dans les autres provinces européennes de l’empire romain. Des cultes purement locaux prirent une extension nouvelle ; les attributions des diverses divinités furent mêlées et confondues ; des superstitions inconnues naquirent ; on vit paraître des symboles extravagans et des images odieuses ou ridicules, résultats de cette étrange confusion ; une foule de monumens et plusieurs des hymnes prétendus orphiques nous montrent que le paganisme, dans les premiers siècles de notre ère, présentait un effroyable chaos. Depuis long-temps, quelques sectes philosophiques, pour chercher une explication raisonnable à des superstitions absurdes, avaient imaginé des allégories et des symboles tendant à faire croire que sous de telles extravagances était cachée une science profonde ou une métaphysique raffinée. Plus tard, l’apparition et les progrès toujours croissans du christianisme firent entrer plus avant les païens dans cette voie d’explication. En présence d’une religion nouvelle, dont la morale et les dogmes faisaient tant de prosélytes, on redoubla d’efforts pour montrer que le polythéisme, bien compris, était une religion pour le moins aussi épurée. Les écrits des Porphyre, des Jamblique, des Proclus et des Plotin témoignent de ces efforts infructueux du paganisme expirant pour se relever et se légitimer aux yeux de la raison.

C’est à cette cause qu’il faut rapporter l’origine du système dont Macrobe nous a conservé les principaux traits, mais à l’appui duquel on ne peut trouver que des autorités bien postérieures à l’ère vulgaire. Selon ce système, les principaux dieux, Jupiter, Mars, Osiris, Mercure, Bacchus, Horus, Hercule, Adonis, sont le soleil sous des formes et des représentations diverses[1] : les mythes et les différens cultes de ces divinités sont des symboles de mouvemens astronomiques. Macrobe donne une explication des signes du zodiaque, fondée sur les rapports présumés de ces signes avec l’année agricole, ou les phénomènes célestes. Il prétend, par exemple, que le cancer est un symbole de la route rétrograde du soleil, du tropique d’été vers l’équateur ; que le capricorne exprime la route de cet astre, qui remonte du tropique d’hiver.

Dupuis partit de cette explication, qu’il crut représenter la vraie signification des configurations zodiacales. Il posa d’abord en fait deux pures hypothèses, à savoir, que le zodiaque avait été inventé en

  1. Macrob., Saturn., i, 17-23.