Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/415

Cette page a été validée par deux contributeurs.
411
LE FRONTON DU PANTHÉON.

M. David. Nous étions d’autant plus impatient de voir et d’étudier le fronton du Panthéon, que, jusqu’ici, l’auteur n’avait pas encore rencontré un programme aussi magnifique, aussi digne de son habileté. Les bas-reliefs exécutés pour le tombeau du général Foy sont de petite dimension, et les batailles sculptées par M. David pour l’une des faces de l’arc de Marseille ne sont connues à Paris que par des modèles qui ont été triplés sur la pierre. Le fronton du Panthéon est donc pour nous le début de M. David dans la sculpture monumentale. Ce début a été ce qu’il devait être, c’est-à-dire une œuvre d’une science consommée, où la critique peut signaler quelques fautes de composition, mais dont l’exécution excitera, nous en sommes sûr, l’admiration unanime de tous les hommes habitués à contempler les plus beaux monumens de la statuaire antique. En présence du fronton du Panthéon, nous comprenons tout ce que M. David pourrait faire pour l’embellissement de nos édifices publics, si le ministère, au lieu de distribuer les travaux de sculpture et de peinture comme des aumônes, se décidait à les confier au plus digne. Les précédens ouvrages de M. David avaient éveillé en nous une espérance ambitieuse ; nous sommes heureux de trouver dans le fronton du Panthéon une œuvre qui ne trompe pas notre espérance. Les bustes de Châteaubriand et de Bentham nous ont prouvé, depuis long-temps, que M. David n’a pas de rivaux dans l’art de comprendre et d’interpréter la tête humaine ; le fronton du Panthéon nous prouve que cette merveilleuse faculté s’est agrandie de jour en jour, et nous ne croyons pas qu’il soit désormais possible à M. David de se surpasser dans cette partie importante de la statuaire. On sait que le talent de l’auteur consiste à deviner le sens intime d’une physionomie, et à rendre évidente, pour les yeux les moins clairvoyans, la pensée qui a dominé toute la vie de son modèle. Envisagés sous ce rapport, les bustes innombrables dont M. David a enrichi les principales villes de France et d’Europe, peuvent se comparer, sans exagération, aux plus beaux ouvrages de la Grèce. Sieyes et Merlin, Berzelius et Rauch ont la même finesse, la même précision, la même grandeur, que Bentham et Châteaubriand. Ces bustes savans expriment, avec une étonnante clarté, le caractère individuel de chaque modèle. Il est évident, pour tout homme familiarisé avec la réalité, que M. David s’est proposé, dans ces admirables ouvrages, quelque chose de plus que la reproduction littérale de la nature. Il règne dans tous les traits du visage une vie si abondante, une harmonie si pure, une logique si parfaite, qu’on devine difficilement la différence qui sépare