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POLITIQUE D’ARISTOTE.

que de conseils pour former son bon sens ! que de plaisirs pour son imagination ! que de provocations pour éveiller son génie !

Alexandre écrivit un jour à Aristote : « Je n’approuve pas que vous ayez donné au public vos livres des sciences acroamatiques. En quoi serons-nous donc supérieurs au reste des hommes, si les sciences que vous m’avez apprises deviennent communes à tout le monde ? J’aimerais encore mieux les surpasser en connaissances sur les objets les plus élevés qu’en puissance. » Cet égoïsme n’est-il pas le plus magnifique éloge de la science ? Mais si le fils de Jupiter désirait garder pour lui seul les grands travaux de l’esprit humain, tout au contraire, aujourd’hui l’humanité veut en partager à tous la connaissance, parce qu’elle pense, avec Aristote, que le bonheur est toujours en proportion de la vertu, de l’intelligence, de la soumission à leurs lois. Et le philosophe citait, comme témoin de la vérité de cette parole, Dieu lui-même, dont la félicité ne dépend pas de biens extérieurs, mais de l’essence même de sa nature[1].


Lerminier.
  1. Politique, liv. iv, chap. ier, tom. ii, pag. 9.