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Les révolutions procèdent de deux manières : tantôt elles s’attaquent au principe même du gouvernement, tantôt aux personnes. Parfois aussi la révolution ne s’adresse qu’à une partie de la constitution, et n’a pour but que de fonder ou de renverser une certaine magistrature. Ainsi Lysandre voulait détruire la royauté à Sparte, et Pausanias l’éphorie.

Pour éviter les révolutions, il faut combiner ensemble l’égalité suivant le nombre, et l’égalité suivant le mérite. La démocratie est plus stable et moins sujette aux bouleversemens que l’oligarchie. Le peuple s’insurge peu contre lui-même, ou du moins les mouvemens de ce genre sont sans importance. La république où domine la classe moyenne, et qui se rapproche de la démocratie plus que de l’oligarchie, est aussi le plus stable de tous les gouvernemens.

Les causes de révolutions sont le désir du bien-être, l’ambition, l’insulte et le mépris, prodigués soit aux individus, soit à des classes de citoyens, la diversité d’origine entre les membres de la cité, la supériorité d’un homme (de là l’ostracisme,) l’accroissement disproportionné de quelques classes de la république.

Les querelles particulières sont aussi une source de révolutions. Les divisions qui éclatent entre les principaux citoyens s’étendent à l’état qui finit bientôt par y prendre part. Hestiée, Delphes, Mitylène, Épidamne, Phocée, nous en offrent la preuve par leurs tragiques dissensions.

Ceux qui ont acquis à leur patrie quelque puissance nouvelle, deviennent aussi pour l’état une cause de révolution : ou l’on s’insurge contre eux par jalousie de leur gloire, ou eux-mêmes, enorgueillis de leur succès, cherchent à détruire l’égalité.

L’absence d’une classe moyenne ou sa faiblesse amène aussi les révolutions.

Dans la démocratie, les révolutions naissent, avant tout, de la turbulence des démagogues. Je passe sur les exemples historiques. La concentration des pouvoirs dans une seule main provoque aussi les bouleversemens.

Dans les oligarchies, l’oppression des classes inférieures, ou l’ambition démesurée d’un oligarque, amènent les changemens. Les excès des oligarques, qui par leur inconduite dilapident leur fortune, la nécessité où ils se trouvent d’employer des troupes mercenaires, ou de confier le commandement de l’armée à un chef qui n’a pas épousé leurs intérêts, leurs divisions entre eux, des mariages, des procès, voilà pour eux des causes de révolution.