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Duchâtel a très gracieusement reçu des mains de M. de Montalivet et de M. Molé sa belle préfecture de Pau, tandis que son frère se console de n’être plus ministre en épousant une fort riche héritière, Mlle Paulet, belle-fille du général Jacqueminot. Ce sont probablement les myrtes, j’allais dire les lauriers, de l’ex-ministre des finances, qui ont empêché M. Napoléon Duchâtel de dormir ; et puisqu’il voulait être préfet, bien a-t-il fait de l’être de par le ministère du 15 avril. Qui sait quand il en viendra un autre, et si même cet autre eût été d’aussi bonne composition ? On a généralement approuvé toutes ces nominations dans l’ordre administratif, publiées par le Moniteur du 25 de ce mois. Ce sont à la fois des actes de bonne administration et de bonne politique. M. Baude rappelé au conseil d’état, M. Laurence chargé de la direction des affaires d’Alger, M. Saint-Marc Girardin nommé membre du conseil royal de l’instruction publique, M. Nisard, un des talens les plus sérieux de ce temps, appelé à seconder M. de Salvandy ; il n’y a rien dans ces mesures que d’honorable, de juste et de réparateur. M. Nisard, M. Laurence et M. Baude, sont des conquêtes utiles faites par le gouvernement, utiles à lui-même, utiles à la France, et nous lui souhaitons de n’en jamais chercher que de ce genre, de ne pas trop caresser, comme s’il en craignait quelque chose, des esprits moins graves, des capacités plus contestables, des caractères moins solides. Il y a des gens qui, le voyant fort, lui arriveront toujours assez tôt.

Il a été question, ces jours derniers, de plusieurs mutations dans les postes diplomatiques de second ordre. M. de Rumigny, appelé à l’ambassade de Rome, serait remplacé à Turin par M. de Montebello, qui aurait pour successeur, à Berne, M. le baron Mortier ; et on aurait disposé du poste de La Haye, qui était occupé par M. Mortier, en faveur de M. de Varennes, qui éprouve une aversion décidée pour la résidence de Hambourg. Nous ne croyons pas les choses aussi avancées, et nous avons même lieu de penser que, dans le travail dont s’occupe M. Molé, elles ne seront pas tout-à-fait arrangées de cette façon.

Le gouvernement s’est enfin décidé à prendre contre Naples des mesures de représailles, que sollicitaient depuis long-temps l’hostilité de cette cour et ses mauvais procédés envers notre commerce. Fidèle à ses principes de modération, parce qu’elle est sûre de sa force, la France a voulu ajourner un pénible éclat, tant qu’elle a pu espérer quelque chose de négociations amicales avec le cabinet napolitain, malgré la froideur de nos relations. Mais, en dernier lieu, les tracasseries mesquines, suscitées sans raison et contre l’intérêt évident du royaume de Naples lui-même, aux paquebots à vapeur de notre marine, chargés du beau service de la correspondance d’Orient, ont déterminé le gouvernement français à tenter une autre voie pour réduire cette opiniâtre malveillance. Nous n’attendions pas moins de M. le président du conseil, qui a fait adopter la mesure de représailles contenue dans l’ordonnance royale du 24 juillet. Nous savons que le soin des intérêts et de l’honneur de la France ne pourrait être placé en de meilleures