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REVUE DES DEUX MONDES.

Dans le clergé 
120,000
Dans la noblesse 
45,000
Enfans de fonctionnaires civils et militaires 
107,000
Enfans de marchands 
27,000
de petits bourgeois 
250,000
de serviteurs 
200,000
Cantonistes 
169,000
Paysans 
140,000
Total 
1,058,000

En déduisant de ce nombre celui des élèves qui se trouvent aux écoles de toute espèce, il en résulterait que 597,424 enfans jouissent du bienfait de l’enseignement dans la maison paternelle.

Comme il n’est question ici que de la Russie d’Europe, et que cette partie de l’empire compte une population de 48,000,000 d’ames, il résulte que la proportion des jeunes gens recevant une instruction plus ou moins étendue, à la population entière, est de 1 à 18. Cette proportion se trouve-t-elle en France dans tous nos départemens[1] ? Et s’augmentant encore chaque jour, pourra-t-elle s’allier dans quelques années à certaines institutions de la Russie, ou du moins ne sera-t-elle pas un obstacle à tout système qui tendrait à servir les vues personnelles d’un souverain, et non les intérêts de la nation ?

Tous ces faits, que je viens d’exposer, montrent quels obstacles apporterait au gouvernement russe qui voudrait entreprendre une guerre d’agression, la nature même des choses, et combien la politique extérieure de l’empereur doit être dominée par les intérêts nouveaux de la nation russe.

J’ai avancé, en commençant d’écrire ces notes, que le manque de population se fait encore plus sentir aujourd’hui, en Russie, que sous le règne de l’impératrice Catherine. La population s’est accrue en réalité ; mais depuis que l’empereur a créé une marine et étendu la ligne militaire, le besoin d’hommes a augmenté, et il a fallu même retirer une grande partie des troupes de la Pologne, pour répartir l’armée d’une manière suffisante sur tous les points de l’empire.

  1. Un document publié, il y a peu de jours, par le ministre de la guerre, prouve qu’aujourd’hui parmi 520,298 jeunes gens inscrits sur la liste du dernier tirage, 155,839 savaient lire et écrire ; 11,784 savaient seulement lire ; 149,193 ne savaient ni lire ni écrire ; restent 9,488 dont l’état d’instruction n’a pu être examiné ; total : 326,298.

    Les mêmes proportions à peu près ont été constatées parmi les 80,000 conscrits fournis par le tirage ; car de ceux-là 40,186 savaient lire et écrire, et 34,569 ne savaient ni lire, ni écrire. Ce document tend à prouver que près d’une moitié de la population française à l’âge de vingt ans se trouve encore dépourvue de toute espèce d’éducation.