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DE LA RUSSIE.

la technologie. À chaque église de paroisse, dans les villes et dans les campagnes, fut attachée une école paroissiale, où l’on enseignait la lecture, l’écriture, les élémens de l’arithmétique, de la religion et de la morale. Les avantages honorifiques attachés, en 1804, au corps enseignant et aux élèves sortis des écoles furent réglés de la manière suivante : chaque recteur d’université avait le rang de la cinquième classe, les professeurs ordinaires celui de la septième ; les docteurs étaient de la huitième, les maîtres ès-arts de la neuvième, les candidats de la douzième, et les étudians qui avaient achevé leurs classes appartenaient dès-lors à la quatorzième classe. Le rang d’assesseur de collége et celui de conseiller d’état ne pouvaient s’obtenir qu’à la suite d’un examen passé à l’une des universités russes ; et pour faciliter aux employés les moyens d’acquérir les connaissances exigées, deux cours publics furent ouverts à Saint-Pétersbourg pendant l’été[1].

En même temps, de nombreuses écoles spéciales s’élevèrent sur tous les points de la Russie, entre autres l’école des voies de communications, dirigée par des ingénieurs français sortis de l’école polytechnique et envoyés à l’empereur Alexandre par Napoléon, les écoles de pilotes et de constructions de vaisseaux, les écoles de commerce à Odessa et à Taganrok, dues à la sollicitude du duc de Richelieu, des écoles forestières et d’agronomie, etc., etc.

Ces progrès sont grands. Sous le règne de l’empereur Nicolas, qui tient l’œil à tout, et qui a pris à tâche de fonder la prospérité et le bien-être moral de la classe intermédiaire, ces progrès ont été immenses et si rapides, que le gouvernement russe, dans son système actuel, éprouve le besoin de la ralentir. Il me semble, du moins, que l’indice de cette pensée se trouve dans un ukase de l’empereur Nicolas, qui n’a pas deux mois de date. Par cet ukase, il est défendu, dans toute l’étendue de l’empire, aux directeurs des colléges, d’admettre aux bienfaits de l’instruction accordée aux nobles et aux bourgeois, les fils de serfs non affranchis. Ici commence, pour tout homme qui sait observer, une ère nouvelle, dans l’histoire de la civilisation russe.

Dès le commencement de son règne, l’empereur plaça à la tête du département de l’instruction publique un homme d’un savoir et d’un mérite éminent, laborieux et profond, un de ces hommes tels que la Russie en a déjà produit assez souvent pour mériter l’attention et le

  1. Ukase du 6 août 1809. — De l’instruction publique en Russie, etc.