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dation de la maison des enfans trouvés[1]. Un an après, des pensionnats pour les enfans de toutes les conditions furent établis, des écoles élémentaires placées dans toutes les villes, et un grand nombre d’hommes éminens employés uniquement à méditer et à proposer des plans d’éducation publique. Ce fut sous le règne de l’impératrice Catherine qu’on vit pour la première fois un exemple de libéralité qui s’est si souvent renouvelé depuis parmi les nobles et les marchands russes, et surtout dans la famille que je vais citer. M. Procope Demidoff consacra un capital de 205,000 roubles à l’entretien de cent élèves de l’école de commerce[2].

L’empereur Paul s’occupa particulièrement de l’éducation des enfans et des orphelins des militaires. On créa à Saint-Pétersbourg une institution pour tous les fils de soldats et de sous-officiers de la garnison et des garnisons voisines. Les parens qui voulaient garder leurs enfans étaient tenus de leur donner une éducation toute semblable à celle qu’ils auraient reçue dans les écoles[3].

J’ai déjà donné une idée des progrès de la civilisation russe sous le règne de l’empereur Alexandre. Pendant vingt-cinq ans, son attention ne cessa de se porter sur l’éducation publique. Après avoir fondé ou régénéré plusieurs universités, l’empereur fit un réglement général d’instruction publique, qui eut les plus heureux résultats pour l’empire. D’après ce réglement, le chef-lieu de chaque gouvernement devait avoir un gymnase divisé en quatre classes, d’un an chacune. On devait y enseigner : 1o  les mathématiques pures et appliquées, la physique expérimentale ; 2o  la géographie, la statistique et l’histoire ; 3o  la philosophie et l’économie politique ; 4o  l’histoire naturelle, la technologie et les sciences commerciales ; 5o  le latin ; 6o  l’allemand ; 7o  le français ; 8o  le russe. L’enseignement était gratuit. On était reçu en prouvant qu’on avait acquis dans une école de district les connaissances préparatoires suffisantes.

Les écoles de district étaient divisées en deux classes ; on y apprenait la religion et l’histoire sainte, les devoirs de l’homme et du citoyen, la grammaire russe, la calligraphie, l’orthographe, la syntaxe, la géographie universelle et les bases de la géographie mathématique, l’histoire, les principes de la physique, de l’histoire naturelle et de

  1. Ukase du 1er  septembre 1763.
  2. De l’Instruction en Russie, par le baron Alex. de Krusenstern. — Varsovie, 1837.
  3. Ukase du 23 décembre 1798.