Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 11.djvu/202

Cette page a été validée par deux contributeurs.
198
REVUE DES DEUX MONDES.

partie de la population. La noblesse allemande, dans les provinces russes de la Baltique, est moins nombreuse ; elle se compose d’environ treize mille personnes, ce qui donne un noble sur cent vingt-cinq habitans. Dans la Russie asiatique, et particulièrement dans les provinces du Caucase et dans les gouvernemens d’Astrakan et de Kasan, le nombre des nobles s’élève à vingt mille.

La bourgeoisie existe. Sa constitution est écrite dans l’ordonnance de 1785 de l’impératrice Catherine. La bourgeoisie est divisée en six classes. Dans la première sont ceux qui possèdent une maison ; à la seconde appartiennent les marchands qui prouvent qu’ils ont un certain capital. Les marchands sont, à leur tour, divisés en gildes. Ceux qui prouvent la possession de 50,000 roubles appartiennent à la première gilde. Pour être de la seconde, il faut payer un impôt proportionné au capital de 20,000 roubles[1], et dans la troisième sont relégués les marchands de 8,000 roubles. Le comte de Cancrin, ministre des finances, a réellement créé le tiers-état par un amendement qu’il a fait récemment à ces ukases, par l’établissement de la classe des patentés. Auparavant, quand un marchand de la première gilde (qui confère la noblesse) cessait de pouvoir payer sa patente, il retombait dans la seconde gilde ou dans la troisième, selon la diminution de son capital. Maintenant il suffit d’avoir payé la patente de première classe pour conserver les droits qu’on a acquis. Il suffira de remarquer qu’en retombant dans les classes inférieures, un marchand redevenait sujet à l’enrôlement et aux punitions corporelles. On pouvait le battre et le faire soldat.

Il y a encore huit classes de bourgeois. Les artistes et les savans qui peuvent fournir des diplômes d’examen, figurent dans la cinquième de ces classes ! Les bourgeois des gildes sont exempts de la capitation, du recrutement ; ils peuvent faire des marchés et des achats de fournitures avec le gouvernement, et vendre tous les produits, excepté l’eau-de-vie et le sel. La première gilde se divise encore en deux classes. Les marchands de la première classe peuvent se livrer au commerce en grand dans l’intérieur de l’empire, et se servir d’une voiture à quatre chevaux dans les villes, porter une épée et paraître à la cour. Les autres membres de la première gilde n’ont que le privilége du grand commerce. Ils peuvent posséder des vaisseaux, et ils sont exempts des peines corporelles, à moins de crime de haute trahison.

  1. Ukases du 8 novembre 1807 et du 14 novembre 1824.