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REVUE ÉTRANGÈRE.

Ces craintes, que justifiaient les circonstances, ne se sont pas réalisées. L’offensive s’est bornée à cette aventureuse expédition de Gomez, qui n’a servi qu’indirectement la cause carliste, et au siége de Bilbao, dont la coopération anglaise a seule empêché le succès, sans que sa levée ait eu, pour la cause constitutionnelle, les résultats qu’on devait s’en promettre. Cependant, si l’impuissance de rien faire de grand et de décisif s’est manifestée de part et d’autre avec plus d’évidence que jamais, pendant le cours de la dernière année, la guerre civile n’en a pas eu moins d’activité : elle a présenté des évènemens d’une haute importance ; elle a étendu sa sphère, elle a jeté de plus profondes racines dans cette terre qu’elle épuise, et en se prolongeant elle semble avoir acquis en même temps des moyens et des raisons pour se prolonger plus encore, loin que sa durée en ait usé les forces et permette à l’humanité d’en espérer la fin prochaine.

Notre intention n’est pas de décrire minutieusement les faits multipliés de la guerre civile dans les provinces insurgées, en Catalogne, dans le royaume de Valence et dans les provinces si audacieusement traversées par Gomez, depuis la révolution de la Granja. Mais il est nécessaire d’en rappeler succinctement les principaux, pour qu’on apprécie bien, d’abord le peu d’influence que la révolution a exercée sur la question militaire, et ensuite la force et les chances respectives des deux causes qui se combattent. C’est à l’inexorable réalité des faits qu’il faut demander, contre les partisans maladroits de l’une et de l’autre, justice de leurs puériles déclamations.

Les faits saillans de la guerre civile, depuis la révolution de la Granja, sont l’expédition de Gomez, le siége de Bilbao, l’inutile expédition de Sanz dans les Asturies et en Castille par le nord-est, plusieurs engagemens heureux, dans le royaume de Valence et en Catalogne, avec les bandes carlistes, comme l’affaire de San-Quirze, le 4 octobre, où fut tué le baron d’Ortaffa, et dont les résultats forcèrent Maroto à se rejeter sur le territoire français ; la prise de Bicerte et de Cantaviéja ; l’invasion du royaume de Valence et de la Manche au mois de mars de cette année, par Forcadell et Cabrera, qui avaient réparé toutes leurs pertes ; un peu avant, le désastre d’une brigade de l’armée du centre à Siete-Aguas ; le 16 mars, l’échec essuyé par la légion anglaise devant Hernani ; les retraites successives de Saarsfield et d’Irribaren sur Pampelune ; enfin la prise d’Irun par le général Évans, et au moment où nous écrivons ces lignes, l’expédition de l’infant don Sébastien en Catalogne, évènement d’une grande portée, qui a déjà eu de bien funestes conséquences, et qui