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recrutement de la légion étrangère ont été abandonnées ; les soldats qu’on avait enrôlés pour ce service dans les divisions de la frontière des Pyrénées, non sans mécontenter vivement les généraux et désorganiser les corps, ont été rendus à leurs régimens. On a ainsi solennellement réprouvé la révolution de la Granja, et il s’est formé un nouveau ministère, non, disait-il, pour abandonner la cause de l’Espagne, non pour trahir les engagemens du traité de la quadruple alliance, non pour reconnaître don Carlos s’il arrivait à Madrid, mais pour attendre et pour se replacer dans la situation où le ministère de M. de Broglie et celui de M. Thiers lui-même s’étaient maintenus obstinément, vis-à-vis de M. Mendizabal, depuis l’insurrection des juntes et la chute de M. de Toreno. La dispersion des amis de la France, le triomphe d’un parti qui se défiait d’elle, pour ne rien dire de plus ; le travail des sociétés secrètes et des idées anarchiques dans l’armée avec laquelle nos soldats auraient dû marcher ; l’épuisement du trésor espagnol, qui nous aurait imposé l’obligation de solder et d’entretenir la légion considérablement renforcée ; ces juntes debout, ou légèrement transformées en commissions de pillage légal ; ces cortès inconnues, dont on avait tout à craindre, tels sont les motifs qui déterminèrent l’attitude prise par le ministère du 6 septembre.

Le premier cabinet espagnol formé après la révolution de la Granja, et qui ne s’est complété qu’au milieu de septembre 1836, fut composé de la manière suivante :

M. Calatrava, ministre des affaires étrangères et président du conseil ;

M. Landero, ministre de la justice ;

M. Gil de la Cuadra, ministre de la marine ;

M. Lopez, ministre de l’intérieur ;

Le marquis de Rodil, ministre de la guerre ;

M. Mendizabal, ministre des finances[1].

Il trouva les affaires dans une confusion inexprimable, où elles

  1. Ce ministère a été modifié plusieurs fois. Le général Rodil ayant pris le commandement de l’armée d’Aragon, le brigadier Camba fut chargé par interim du portefeuille de la guerre, qu’il résigna peu de temps après la destitution du ministre titulaire, ne voulant ni hériter de ses dépouilles, ni continuer de poursuivre son ancien chef et compagnon d’armes. Après la retraite de Camba, le département de la guerre fut confié, encore par interim, à M. Rodriguez Vera, député d’Albacete, nullité politique, administrative et militaire. Enfin, quand on ne put résister davantage à la clameur publique, le comte d’Almodovar, ancien collègue de M. Mendizabal pendant son premier ministère, fut nommé ministre de la guerre ; mais ce choix paraît avoir provoqué la retraite de M. Lopez, ministre de l’intérieur, à la fin du mois de mars de cette année. Le comte d’Almodovar, commandant à Valence, y avait