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REVUE ÉTRANGÈRE.

ii.

L’ESPAGNE,

Depuis la révolution de la Granja.

La révolution de la Granja, diversement jugée par des opinions contraires, n’a fait à l’Espagne ni le bien, ni le mal qu’elles en attendaient. En exprimant cette opinion sur un évènement déjà loin de nous, et dont les résultats n’ont répondu d’aucune manière aux prévisions, aux craintes et aux espérances des premiers jours, nous n’entendons assurément pas le justifier, car son plus grand tort à nos yeux, c’est de n’avoir eu ni motifs, ni conséquences directes que puisse avouer aucune opinion ; c’est d’avoir jeté au milieu des partisans désunis de la cause constitutionnelle un nouvel élément de discorde ; c’est d’avoir usé en luttes stériles des forces et des ressources dont la concentration la plus vigoureuse et le plus habile emploi ne suffiraient peut-être pas encore à l’accomplissement de leur tâche commune ; c’est enfin d’avoir profondément abaissé l’Espagne, en achevant de démontrer à tous l’impuissance des partis qui s’arrachent les uns après les autres le triste privilége d’en constater les misères aux yeux de leur patrie humiliée et de l’Europe indifférente ou ennemie. Mais pour être équitable envers l’Espagne, il faut mettre à côté de ce jugement sévère, porté en toute conscience sur la révolution elle-même, une appréciation impartiale et non moins exacte de