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REVUE. — CHRONIQUE.

exige d’eux. Certes, les habitans des deux duchés ne peuvent pas faire contre l’usage de la langue danoise les objections que les Belges ont souvent alléguées contre la langue hollandaise. Comme vous le savez, monsieur, l’allemand et le danois sont tellement apparentés, que la transition de l’un à l’autre n’exige ni grande patience, ni grand travail. Il n’y a donc en ce cas, de leur part, qu’une obstination étroite et mal appliquée, car ils pourraient, sans renoncer à l’Allemagne, s’associer aux progrès de la littérature danoise, aux travaux des antiquaires du Nord.

L’université de Kiel représente le caractère dominant du pays. Elle a conservé le principe de son origine. Elle est restée allemande par ses institutions, par son caractère, par sa tendance générale. Ses professeurs sont Allemands, et ses études de prédilection se tournent du côté de l’Allemagne. Cette université fut fondée, en 1665, par le duc Christian-Albert de Gottehorp. Elle porte encore le nom de son fondateur : elle s’appelle Christiania-Albertina. Le prince qui l’établit n’était pas riche ; mais il se dévoua à cette œuvre intelligente, et il fut secondé par plusieurs districts du pays. On assigna d’abord à l’université le cloître des franciscains, dont l’état s’était emparé après la réformation. Plus tard, ce cloître tomba en ruine, et l’on bâtit un nouvel édifice : c’est celui qui existe encore ; mais il ne renferme que la grande salle où se font les examens, et le cabinet d’histoire naturelle. Les professeurs font leurs cours chez eux.

Dans l’origine, il devait y avoir 19 professeurs : 3 pour la théologie, 5 pour le droit, 2 pour la médecine, 9 pour la philosophie.

Maintenant on n’en compte plus que 16 : 3 pour la théologie, 3 pour le droit, 5 pour la médecine, 5 pour la philosophie.

Viennent ensuite les professeurs extraordinaires : 2 pour la théologie, 3 pour le droit, 1 pour la médecine, 4 pour la philosophie.

11 privat-docent : 1 pour le droit, 4 pour la médecine, 6 pour la philosophie ;

3 professeurs de langues : danoise, française, anglaise. En tout, 39.

Le traitement de ces professeurs varie selon leur âge, la durée de leurs services et la réputation qu’ils se sont acquise.

M. Falck, professeur de jurisprudence, reçoit 1,500 thalers[1]. Les autres reçoivent 1,000 à 1,200 thalers, les professeurs extraordinaires 5 à 600, et quelques privat-docent ont obtenu 100 thalers. Ils jouissent en outre de plusieurs priviléges, d’une exemption de droits de douanes, de droit d’achat, etc. Une pension de 150 thalers est assurée à leur veuve, et réversible en partie sur leurs enfans.

Ils sont tenus de faire chaque semaine deux cours publics (ou gratuits), et ils en font ordinairement huit particuliers, c’est-à-dire qu’ils ont environ dix à douze heures de leçons par semaine ; plusieurs en ont quinze. L’étudiant paie pour chaque cours particulier 1 thaler par semestre ; mais plusieurs, en alléguant leur peu de fortune, sollicitent une exemption et l’obtiennent ; d’autres demandent à être crédités. Ils ne paient rien pendant toute la durée de leurs études, et on leur accorde ensuite six années encore pour s’acquitter. Passé ce temps, ils peuvent être contraints juri-

  1. Thaler de Holstein, qui vaut 4 fr. 80 cent.