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POÈTES ET ROMANCIERS DU NORD.

nisent le courage et la force physique. Là on entend résonner, comme dans les sagas, les paroles de sang, les cris de vengeance de ces hommess qui se font une gloire de ne rien craindre et qui auraient honte de pardonner. Les femmes sont comme eux, courageuses et fières, enthousiastes des combats, et méprisant celui qui redoute les périls. Œhlenschlœger a pourtant dessiné de temps à autre, dans ses drames, quelques caractères de jeunes filles tendres et mélancoliques, qui apparaissent au milieu de ces cohortes de Vikingr, comme un doux rayon de crépuscule au milieu d’une contrée sauvage. Le caractère de Valborg est le type de cette nature délicate de femme, qui a tout le parfum d’une plante méridionale et toute la grace suave d’une pâle fleur du Nord. Le rôle de Ragnhild dans les Fostbrœderne et celui de Signe sont tracés avec les mêmes touches légères de pinceau et appartiennent au même ordre d’idées.

Dans cette pièce de Hagbarth et Signe, le poète a réuni les principaux traits de la vie guerrière et des mœurs scandinaves. Hagbarth est un jeune roi courageux et plein de force, qui a long-temps navigué sur les côtes étrangères et qui cherche la mort dans les entreprises glorieuses. « Notre vie, dit-il, n’est qu’une préparation à la fête du Valhalla. Plus elle est courte, mieux elle vaut. Heureux le guerrier qui meurt jeune ! Il prend place à la table hospitalière des dieux, et les Valkyries le préfèrent au vieillard qui n’abandonne la terre qu’avec des cheveux blancs. »

Hagbarth vient à Lund avec son compagnon d’armes défier deux jeunes guerriers, Alf et Alger, célèbres par leur courage. Leur mère Bera tremble de les voir succomber dans cette lutte, et cependant elle accueille Hagbarth selon les lois de l’hospitalité. Elle vient elle-même, sur le rivage lui présenter la coupe de miœd, puis au moment de s’éloigner, elle dit à ses fils :

« Ce n’est pas la première fois que vous abandonnez votre mère pour vous élancer avec des cris de joie au-devant des dangers. Thor vous appelle. Allez, suivez le dieu de la force. Souvenez vous que la vieille Seeland est pleine de monumens de gloire. Que la tempête qui gronde autour de ces tombeaux anime votre courage. Mon cœur tremble. C’est une faiblesse. Je suis femme ; je suis mère. Mais l’ombre majestueuse de votre père plane sur vous. Montez au Valhalla. Puisse un de vous cependant revenir